Les Suédois de Narnia n'avaient encore jamais été chroniqués sur musicwaves, il était temps d'y remédier ! L'occasion nous en est donnée avec ce nouvel album, leur sixième enregistrement studio depuis leur formation en 1996.
Ce qui n'était au départ qu'un duo sur le premier album, constitué du multi-instrumentiste Carl Johan Grimmark (guitares, claviers, basse, percussions programmées) et du chanteur Christian Liljegren a vite évolué en un groupe complet, développant un metal mélodique parfois assez lourd et direct, parfois progressif, avec des influences classiques plus ou moins marquées. Ce groupe a connu d'ailleurs quelques changements de personnel, dont le plus important est tout récent puisque trois semaines après avoir démarré l'enregistrement du nouvel album, la moitié du duo fondateur a annoncé son départ du groupe. Adieu Christian Liljegren, rapidement remplacé par le Sud-Américain émigré en Suède, Germán Pascual.
Ce nouvel album est aussi le témoin d'un changement de direction musicale. Le son est sensiblement plus lourd, dans l'ensemble – est-ce le fait d'être sur le label Massacre Records ? Le côté progressif a presque complètement disparu, au profit d'une sorte de power metal, avec les sempiternels rythmes rapides, des accélérations furieuses et des refrains accessibles. Les morceaux sont peu développés, ne dépassant jamais les 5 minutes, alors que Narnia avait été jusqu'à produire des suites de plus de 10 minutes. Et l'album n'est guère long. Par contre Germán Pascual est un très bon chanteur, dans le style de Russell Allen et Ronnie James Dio. Son chant est quand même plus agressif que celui de Christian Liljegren, qui était quant à lui très versatile.
Bon nombre de morceaux sont bien mélodiques, avec toujours des claviers aux sons très modernes (il y a même quelques boucles rythmiques !) mais pas sur tous les morceaux. Le groupe n'a, semble-t-il, plus de claviériste à nouveau. La tonalité demeure parfois assez épique et grandiose, comme auparavant. On note même ce petit côté orientalisant que Led Zeppelin et surtout Rainbow ont rendu populaire il y a si longtemps. On remarque cette nuance sur le pesant "One Way To Freedom", également sur "Behind The Curtain". Le morceau avec quelques passages lents et calmes, "Scared", est une autre réussite malgré sa brièveté. Plus la moindre ballade ici, alors autant apprécier les rares parties un peu plus douces !
La nouveauté, ce sont ces quelques titres qui lorgnent plutôt vers le trash et rappellent parfois un peu Pantera, très rapides avec des riffs saccadés et tournoyants, des guitares au son très grave particulièrement lourd et tranchant, une double grosse caisse furieuse et une caisse claire plombée. S'il n'y avait pas des refrains nettement plus mélodiques, on croirait vraiment un autre groupe. Johan Grimmark, très bon guitariste jusqu'ici pas du tout influencé par le trash, joue moins de soli de guitare ou ceux-ci sont nettement plus brefs et moins marquants.
Ceux qui appréciaient davantage Narnia pour son côté mélodique, voire néoclassique, risquent fort d'être choqués par ces changements et les morceaux plus agressifs, heureusement minoritaires. Il reste que sur 10 compositions seulement, les trois titres les plus agressifs pèsent un peu trop lourd dans la balance et déséquilibrent ce qui aurait pu être un très bon album de heavy metal mélodique. Espérons que le groupe n'ira pas plus loin dans cette direction et se concentrera sur ce qu'il savait faire de mieux, à savoir un metal mélodique occasionnellement progressif, avec un brin d'influences classiques et de belles parties de claviers.