Moonstone Project est né à l’instigation du guitariste italien Matt Filippini. Ce musicien a la particularité de s’entourer d’un nombre assez impressionnant de grands noms du hard rock. Après "Hidden In Time", sorti l’année dernière, le projet bat le fer tant qu’il est chaud en proposant son nouvel opus "Rebel On The Run", distribué cette fois par le label Blistering Records.
Toujours très bien accompagné, même si le nombre de "spécial guest" a un peu diminué par rapport à "Hidden In Time", Matt Filippini et son Moonstone Project réunissent des fleurons du hard rock, comme en témoignent les présences respectives de Graham Bonnet, Glenn Hughes, James Christian Ian Paice et Ken Hensley. Ces légendes du rock se connaissent plutôt bien et semblent le team idéal pour donner le change à Matt Filippini et son fidèle bassiste Nik Mazzuccioni.
Il y a quand même de quoi avouer que cette alléchante affiche procure l’irrésistible envie de se plonger corps et âme dans les méandres de "Rebel On The Run". Et bien à la première approche, le super groupe propose un hard rock façonné seventies dans une veine proche du Deep Purple période "Mark III" où David Coverdale et Glenn Hughes se sont particulièrement illustrés. Même si c’est James Christian qui se taille la part du lion derrière le micro, sa prestation sans faille s’accommode très bien à ce style de hard rock réactualisé avec des contours léchés et mélodiques pas très éloignés de la tendance FM. La majorité des compositions repose en effet sur une structure faisant la part belle au tempo bien marqué. Le jeu de guitare de Matt Filippini est assez sobre, au point de se faire parfois voler la vedette par son bassiste dont le style tout en groove n’est pas sans rappeler celui de Glenn Hugues, justement.
Seulement voilà, parmi les dix titres gravés ici, aucun ne sort finalement du lot. Pourtant, le terrain de prédilection de Matt Filippini pouvait laisser présager un ensemble plus brut et percutant. L’alchimie entre le hard rock et une tendance plus blues / soul ne prend guère, si ce n’est sur "From Another Time", reprise de Trapeze (groupe de Mel Galley, guitariste qui accompagna Whitesnake au début des années quatre vingt). Et ce n’est certainement pas la ballade tendre "Closer Than You Think" offerte par Glenn Hugues qui va venir pimenter l’atmosphère. Un brin poussif, le titre éponyme résume à merveille tout le contenu de cet album avec son refrain qui démontre bien qu’accessible ne rime pas forcément avec accrocheur. Même si le groupe se réveille en fin de parcours avec "Shooting Star" très Purple et "Halfway To Heaven" plus direct, ce nouvel album laisse la fâcheuse impression de ne jamais véritablement décoller.
Bien entendu, l’interprétation reste au-dessus de tout soupçon et quelques passages instrumentaux juteux font dresser l’oreille et taper du pied au travers de "Moonster Booster" ou encore "Sinner Sinner" et son solo de basse hyper groovy. Mais "Rebel On The Run" manque singulièrement d’entrain et donne vraiment l’impression que tout ce joli monde joue en pilotage automatique. Ceci est d’autant plus gênant, car si le fan de hard rock bien joufflu n’y trouvera que très partiellement son compte, l’amateur de blues risque lui aussi d’être déçu. En somme, Moonstone Project livre avec "Rebel On The Run" un album moyen, bien en dessous des perspectives que l’on peut attendre de la part de tels musiciens. Un petit coup de mou passager, probablement.