C’est en 1981 que la légende du groupe anglais The Cult va débuter. Non sans les quelques embûches qui accompagnent traditionnellement la genèse des grands groupes. The Cult est avant tout l’association de Ian Astbury et Billy Duffy, respectivement chanteur et guitariste, qui se sont rencontrés pour former le groupe Death Cult et ne sortir que quelques titres sous ce patronyme. Le groupe tronquera son nom pour un The Cult plus direct peu de temps après. Malgré les différents Turn over (en 1995, 2002) le binôme Duffy/Astbury est resté aux commandes d’un groupe qui aura marqué son époque avec quelques grands albums.
La musique de The Cult, qui évoluera au cours des 23 années de carrière, est classable à ses débuts dans la mouvance punk et gothique avec une forte imagerie indienne. En 1984 sort "Dreamtime" et tout le génie du Cult est déjà présent. Bien que le propos n’ait pas vieilli, la qualité d’enregistrement n’est sans commune mesure avec les productions actuelles. L’édition remasterisée s’avère donc intéressante.
'Horse Nation' démarre sur un riff strident de Duffy et le chant extraordinaire d'Astbury. Il est impressionnant d’entendre qu’après tant d’années sa voix n’a pas changé. Il n’y a guère que la reverb utilisée pour l'enrober qui soit parfois de trop dans cet album. La basse de Jamie Stewart est prépondérante et donne une puissance qui n’est pas encore totalement servie par les saturations de Duffy, ici assez légères.
'SpiritWalker' (titre au combien évocateur du mysticisme porté par le groupe) illustre parfaitement les qualités vocales du groupe avec ses chœurs presque tribaux. '83rd Dream' débute sur une ambiance lourde et pesante avec un riff de Duffy intemporel. 'Butterlies' est envoutant à plus d’un titre mais principalement pour sa mélodie et ses chants torturés. Parmi les autres titres de l‘album, on trouve un 'Go West' atypique avec son rythme presque new wave et sa basse omniprésente, un 'Gimmick' surprenant dans son utilisation des claviers, un 'A Flower in The Desert' qui bouscule avec un refrain laissant entrevoir le virage Hard Rock du groupe et un 'Bad Medecine Waltz' déchirant dans son approche gothique et émotionnelle.
"Dreamtime" sera l'album le plus court du Cult mais pas le moins dense. Si vous formulez le désir d’aller plus loin et de rentrer dans les textes vous y découvrirez une écriture mature et pleine de spiritualité, mais aussi consciente et pragmatique. Même si la voix d’Astbury paraît parfois à la limite de la fausseté, son grain et son dévouement sont charismatiques. La machine The Cult est lancée et elle va s’affirmer avec "Love" et se renouveler dès le troisième album, Electric, en prenant un virage Hard Rock classique qui laissera la nonchalance gothique loin derrière.