Avant d’officier au sein de Klaxon (notez l’envergure de la référence !), Nina Scott partageait le micro au sein de Lawlessness. Cet excellent combo marseillais du début des années 80, avait en effet la particularité de posséder en son sein, non pas une chanteuse, ce qui était déjà rare, mais deux chanteuses, Nina Scott donc, et Jenny Jones. Ce duo est un des atouts du groupe et ce, même s’il est difficile de distinguer les parties vocales de l’une ou l’autre des chanteuses. Non que leurs timbres de voix soient similaires, mais les informations présentes sur le vinyle ne sont guère précises à ce sujet.
Le groupe évolue dans un style qui balance entre un Heavy Metal à la Judas Priest ("Rape Man") et un Hard à tendance FM qui n’est pas sans rappeler les Canadiennes de Heart ("I Got Pain"). Le chant est de très bon niveau, et alterne les parties agressives et d’autres bien plus classiques. Un des meilleurs exemples en est la chanson "The Cats" dans laquelle le chant hargneux d’une des chanteuses et le phrasé impeccable, malgré un accent anglais parfois un peu trop frenchy (sans que cela soit rédhibitoire) donnent un résultat des plus probant. Le chant exclusivement en anglais est un parti pris un peu discutable, non que les accents soient ridicules, mais l’utilisation du français aurait certainement apporté un petit plus bien réjouissant.
"Don’t Follow Me" est également l’occasion pour les deux chanteuses de mettre leur harmonie vocale en avant. La musique est très efficace et nerveuse ("Youth On The Run"), malgré un mixage des guitares un peu trop faible, et qui se fait au profit de la section rythmique. La batterie est en effet très présente. La basse n’est pas en reste, notamment sur le très bon "Rape Man" où, après une intro toute en douceur, la quiétude vole en éclats et laisse place à une basse vrombissante et aux voix conjointes et agressives à souhait de Jenny et de Nina.
Pas de titres faibles dans ce court disque qui est très certainement ce qui se faisait de mieux dans le genre à l'époque.
L’album qui a été enregistré aux studios Davout (popularisés ensuite par Trust), se vendra uniquement à 3 000 exemplaires en France. Le groupe, qui avait signé pour trois disques, et possédait suffisamment de démos pour mettre en boîte un second album, a mis fin à sa courte carrière du fait du départ de Nina Scott pour Klaxon et de la rupture du contrat avec leur maison de disque qui en a découlé. C’est bien dommage car leur arrêt a coïncidé avec l’émergence d’une scène Hard Rock française, et au regard de la qualité de ce premier essai, il y a fort à parier qu’ils avaient les atouts nécessaires pour se tailler une place sous le soleil de Satan.