Un an après Dreamtime, les quatre de The Cult s’empressent de donner une suite à un premier album ô combien prometteur. C’est donc en 1985 que sort Love, l’album qui sera considéré par les fans comme le sommet de l’inspiration de la carrière du groupe. Pour votre serviteur, qui n’a pas connu le groupe que sur le tard, c’est le côté rock du groupe qui domine, mais il n’en reste pas moins que Love vient affiner et confirmer le talent de The Cult en proposant un album encore très gothique, mais qui donne quelques signes de sa mutation très proche au bénéfice d’un rock plus musclé et d‘inspiration américaine.
Comme Dreamtime ce sont les symboles qui dominent dans l’écriture du second album, hommages aux éléments naturels aussi bien qu’aux spiritualités orientales ou amérindiennes. Il est amusant de remarquer les occurrences appartenant à ce champ lexical dans les titres des chansons. C’est aussi ce qui sous-tend cette musique tellement chargée en ambiances et atmosphères presque psychédéliques. Les trois comparses du début sont toujours là et il n’y a guère que le batteur Nigel Preston qui ait laissé sa place, ses problèmes liés à la drogue ont eu raison de sa participation au groupe.
Le premier titre, « Nirvana », est une bonne entrée en matière avec du rythme et de l’énergie. Les tempos saccadés et les gros effets à la guitare (delay et chorus) viennent colorer l’excellent « Big Neon Glitter ». Un côté U2 est perceptible à plusieurs reprises dans ce disque tant dans les harmonies vocales que les balayages rythmiques de Duffy (« Love » ou « She Sells Sanctuary »).
Chaque titre de cet album est une réussite et on ne peut qu’adhérer aux quelques touches de rock que The Cult a ajouté à sa musique depuis Dreamtime. Les quelques soli de Duffy sont plutôt réussis dans un style assez improvisé mais ne manquant pas de vérité (« Love » ou « The Phoenix »). Les sommets sont atteints avec deux ballades très gothiques dans l’ambiance. « Brother Wolf, Sister Moon » nous transporte en pleine liturgie chamanique, et « Black Angel » est une ballade noire comme l’ange qui lui donne son nom. Que dire des accents de Astbury en forme d’incantations, sinon que ce conteur est une des plus belles voix du rock.
Comme pour Dreamtime, les intros de morceaux de Duffy sont souvent d’une évidence surprenante. Dans « The Phoenix » les accords distordus à la wah-wah semblent inscrits dans la mémoire universelle. Les chorus de Duffy sont nombreux et ajoutent à la portée de cet excellent morceau qui restera un hit très souvent joué en concert. Concernant les morceaux qui, personnellement, me font aimer cet album je citerai aussi « Revolution » avec son refrain entêtant et hyper mélodique.
Sans être totalement supérieur à Dreamtime, Love est plus franc dans ses mélodies, et les quelques soli de Duffy montrent une facette encore plus rock qui vient accompagner les appétences gothiques du groupe. Pour l’amateur de la période rock du quartet ce Love, comme son prédécesseur, ne sont pas ce que The Cult a fait de mieux. Il est toujours intéressant de suivre un groupe dans toute sa carrière et dans le cas des deux premiers albums de The Cult la qualité est telle qu’un léger esprit d’ouverture sera fortement récompensé. Cet album annonce aussi le virage rock du groupe avec des inspirations à aller chercher plus du côté des Etats-Unis. En deux albums seulement The Cult consolide une notoriété méritée avec trois titres bien classés dans les charts anglais. Il ne reste plus qu’à réveiller l’Amérique. La décharge Electric produira ses effets deux ans plus tard.