Alors que les suédois de Lion’s Share avaient mis six années pour pondre « Emotional Coma », leur précédent album, il ne leur a fallu que deux ans pour sortir ce « Dark Hours ». Et visiblement le groupe est plus heureux lorsqu’il adopte un train de sénateur que lorsqu’il se précipite. Enfin, se précipiter, n’exagérons pas, on parle tout de même de deux ans. En effet, autant « Emotional Coma » était une réussite, un album frais, varié, accrocheur, avec quelques petites touches de Doom du meilleur effet, autant ce « Dark Hours » est plus monolithique et un peu moins inspiré.
La musique pratiquée par le groupe est on ne peut plus courante, un Heavy métal fabriqué dans les règles de l’art, sans génie particulier, ni volonté d’innovation. Certes, on pourra applaudir les qualités des musiciens, avec une mention spéciale aux guitares de Lars Chriss, et louer le savoir faire du groupe qui aligne les riffs, les mélodies et les breaks, tous plus « True » que « True ». Mais on pourra également se lasser de cette absence de prise de risque et de ce manque cruel de personnalité. Il est clair que le groupe n’a que peu de chances de trouver un écho favorable en dehors des « die hard » Heavy Metal.
Ces derniers jugeront certainement ce constat un peu sévère et vanteront les changements de rythmes assez bien sentis et le très bon chant d’un « Presidio 27 », la hargne d’un « Judas Must Die », le côté mélodique des riffs de « Full Metal Jacket », ou bien la qualité de certaines compositions à l’instar de « Napalm Nights », ou de "Behind The Curtain". Ils n’auront pas tout à fait tort, tant il est vrai que Lion’s Share a de beaux atouts dans ses manches, mais il manque vraiment au groupe ce petit plus, cette étincelle qui pourrait transformer cet amas de titres agréables et faciles d’accès - mais interchangeables et rapidement barbants - en un recueil de perles intemporelles. Et ce n’est pas la participation du guitariste de Symphony X, Michael Romeo, sur « Behind The Curtain » qui modifie grandement les choses. Ce malgré une fin de ce morceau toute en lourdeur du meilleur effet.
Il est dommage donc que le groupe n’ait pas souhaité pousser un peu plus loin les excursions Doom et Prog’ de leur précédent album. Cela aurait très certainement apporté un peu de fraicheur et de variété à cette dernière offrande musicale et leur aurait permis de s’affranchir d’influences (Judas Priest époque « Painkiller » par exemple) par trop palpables.