Remis en selle après un God Hates Us All ironiquement salvateur, Slayer a pris le temps de confirmer ce regain d’énergie. En effet, presque 5 ans s’écoulent avant que le groupe ne retrouve le chemin du studio. Un break nécessaire à la conception de cette bombe thrash qu’est Christ Illusion.
Une bombe – c’est le mot. On savait que le retour de Dave Lombardo, en 2002, avait permis à Slayer de renouer avec une inspiration fluctuante depuis de nombreuses années, notamment chez Kerry King, et il était logique de s’attendre à un excellent album. Mais il eût été pour le moins présomptueux d’imaginer recevoir une telle gifle ! De la première à la dernière seconde, Christ Illusion est un album monstrueux, à l’intensité permanente. « Flesh Storm », qui ouvre le bal, donne la couleur d’emblée avec un riff cataclysmique à s’en démettre les cervicales.
Tantôt d’une lourdeur apocalyptique (« Skeleton Christ », « Catatonic »), tantôt plus frénétiques qu’un combat de pittbulls (« Catalyst », « Consfearacy »), les morceaux sont d’une noirceur incroyable, même pour Slayer, et servis par une production moderne et phénoménale. Clair, puissant, équilibré, le son est tout bonnement le meilleur jamais entendu sur un album du groupe. Un groupe qui apparaît ici au meilleur de sa forme : Hanneman et King délivrent riffs atomiques et soli insensés avec une fougue qui laisse béat d’admiration (le break central de « Supremist »). Si Lombardo, de retour aux fûts, a mis les deux doigts dans la prise, Tom Araya, en véritable prêcheur, harangue quant à lui la foule d’une voix possédée, inimitable, rocailleuse à souhait, hurlant ça et là comme si ses cordes vocales avaient encore 20 ans.
C’est littéralement essoré que l’on s’extirpe de cet album dantesque, parfait de bout en bout, qui démontre une bonne fois pour toutes que Slayer ne s’est laissé dépasser ni par l’âge, ni par la concurrence, et qu’au sein du combo, on entend bien terminer par un bouquet final. Aucun répit, aucune compromission, Slayer ne fait pas de prisonniers et le fait savoir. Il serait légitime de parler de retour en grâce si le terme n’était pas aussi antinomique...
En attendant la confirmation avec le nouvel album, prévu pour la fin de l'été, Christ Illusion est à même de satisfaire tout amateur de thrash, et de convaincre ceux qui avaient laissé Slayer sur la touche qu'ils ont été trop prompts à les enterrer !