L’année 1987 est une année importante dans le monde de la musique. D’une part elle voit la création de deux groupes majeurs d’un style musical tout nouveau, le grunge, que sont Nirvana et Alice In Chains, et, d’autre part, la sortie du premier EP de Soundgarden. C’est dans cette atmosphère que les Anglais de The Cult vont sortir l’album "Electric" dont le titre dit l’essentiel.
Après deux albums sortis à un an d’intervalle et gardant une coloration post-punk gothique très forte, le groupe commence à composer pour son troisième album. Ils ont gardé auprès d’eux Steve Brown le producteur de Love mais devant le résultat de certains titres (et sans doute voyant le déclin de leur style musical poindre), ils décident de le limoger au profit de Rick Rubin (Slayer, System Of A Down, Red Hot Chili Peppers…), qui va rendre le son d’Electric plus américain.
Certains titres disparaissent de la version enregistrée par Brown et la majorité est retravaillée pour être plus en phase avec les attentes du groupe. Le résultat est qu’Electric reste le premier album à avoir traversé l’Atlantique avec succès, tout en opérant un changement notable de direction artistique avec un hard rock beaucoup moins ambitieux dans que ne pouvaient l’être ses deux prédécesseurs.
Le premier titre, 'Wild Flower' est une bonne mise en bouche avec riff direct, solo de Duffy et chant rocailleux de Astbury. Le refrain est bien trouvé avec de bons apports du groupe mais on reste quand même dans un carcan rock très classique. 'Peace Dog' est intéressante dans son rythme saccadé et par les chorus de Duffy. Ce dernier restera très sobre dans ses prises de soli malgré une dextérité évidente. 'Bad Fun' fait même la démonstration de toute sa technique à la wah wah. Le blues, qui a toujours nourri l’inspiration du binôme, est plus que bien représenté dans l'entêtant "Lil’ Devil" ou "King Contrary Man".
Ne cherchez pas les ballades dans Electric, car les musiciens resteront survoltés quoiqu’il arrive. "Love Removal Machine" vient marcher sur les plates-bandes des Rolling Stones avec réussite, et The Cult se permet même la reprise du titre original de Steppenwolf, 'Born To Be Wild'.
Après deux albums assez lourds et denses, The Cult a évolué. "Electric" est court et montre que The Cult est un vrai grand groupe de hard rock, qui en un album incarne le rock mieux que certains groupes en toute une carrière. Par son côté très brut, il se démarquera du prochain album "Sonic Temple", véritable succès pour le groupe et doté d’une meilleure production. En trois albums, The Cult s’affirme de plus en plus et fournit aux fans trois occasions de célébrer un groupe qui sait se renouveler avec grand talent.