Ce groupe originaire du Sud de la France, débarque très tôt sur la scène Hard Rock française. En effet dès 1981, la même année que Warning, il sort son premier album. Pour mémoire, à l’exception des pionniers du genre (Trust, Ganafoul…), la scène métal française n’explosera qu’en 1983 avec la sortie des premiers albums de Sortilege, Blaspheme, Satan Jokers, High Power…
A l’écoute de ce disque, on a le sentiment que, là où la majorité des groupes précités ont tout d’abord gagné en maturité en sortant des maquettes ou un Ep entre 1980 et 1982, avant de se consacrer à la production d’un premier véritable album, Attentat Rock a brûlé les étapes pour passer directement à la réalisation de son premier disque.
En effet, alors que ce groupe fait plus partie de la génération "83" que de celle des pionniers, il lui manque encore la maturité que posséderont ses pairs lors de la sortie de leur premier opus. Cela se ressent principalement au niveau de la production qui est bien faiblarde au regard des standards actuels et qui ne rend que peu justice au groupe. C’est notamment le cas des guitares rythmiques qui sont mixées bien trop en retrait pour soutenir efficacement les morceaux. Mais cela se ressent également au niveau des paroles, par trop répétitives, et au niveau de la voix de Didier Rochette qui, si elle est correctement restituée, manque de puissance et d’agressivité. Le côté « aseptisé » de son chant nuit sérieusement à la crédibilité de l’ensemble. Il faut dire que, contrairement aux standards de l’époque, il pousse peu dans les aiguës et ne crie que rarement.
Par ailleurs, Attentat Rock propose là une musique qui ne s’est pas encore débarrassée des influences Rock et Punk de la décennie passée, et qui paraît hésiter à s’engager à fond dans le Heavy Metal, un style encore balbutiant dans l’hexagone. Si les guitares sont déjà bien ancrées dans ce style, les soli étant un des points fort du disque, le reste du groupe reste un peu emprunté et semble avoir du mal à se sortir des schémas Rocks classiques.
Ainsi « Fin De Siècle » ou « Tends La Main » n’ont pas grand-chose à voir avec les brûlots que le groupe sortira par la suite. Bien que le disque fleure un peu l’amateurisme (je concède que le mot est un peu fort), il n’en transpire pas moins la fraîcheur et la passion.
Des titres comme "Rien Que Pour l’Argent", "L’Enfer", "Briser La Glace", "Rockstar", "Fait Ce Qu'il Te Plait" ou le nerveux "Les Plages Du Congo" réussissent tout de même à tirer leur épingle du jeu et à laisser une très bonne impression.
Mais force est de constater que même la nostalgie, qui bien souvent embellie les souvenirs de notre enfance et transforme en Princesse un vulgaire crapaud, ne change rien à l’affaire. Nous avons là un disque irrégulier, où le moyen le partage largement avec le bon, et, qui présente un intérêt essentiellement historique.
Il y a fort à parier que si le groupe n’avait pas eu par la suite la belle carrière qui fut la sienne, ce disque n’aurait laissé que peu de trace dans nos mémoires. En ce sens, il faut plus le prendre comme un témoignage de ce qu’était Attentat Rock à ses débuts, que comme une des albums emblématiques de la scène Hard Rock made in France. Il en sera tout autrement avec leur second et excellent opus. A noter que le disque a été réédité par Brennus en 1998, avec un titre bonus, le très correct « Blouson Noir ».