Ses deux premiers albums ont imposé Freak Kitchen et son style basé sur la puissance, la mélodie et l'enthousiasme, le tout assaisonné par une sacré dose de délires aussi bien musicaux que textuels. C'est donc avec plaisir que nous voyons débouler ce nouvel album au titre éponyme, persuadés que nous sommes de profiter d'une nouvelle bouffée de bonne humeur dynamique et communicative.
Malheureusement, ce "Freak Kitchen" n'est pas à la hauteur de nos attentes, ni même de ces deux prédécesseurs. L'ensemble est loin d'être mauvais et aucun titre ne peut être accablé de tous les mots qu'un chroniqueur peut réserver à une de ces faibles galettes qu'il nous est parfois donné de vous présenter. Non, pas de soupe, ni de maux de tête à l'horizon, mais pas non plus d'envolées inventives telles que celles auxquelles le trio Suédois nous avait habitué. Bien que garni de 14 titres, ce qui est assez copieux pour ce genre d'album, il ne nous est que rarement donné de nous enthousiasmer dans un ensemble donnant majoritairement dans un rock popisant trop lissé, dans lequel nous sommes plongés dès un "We've Heard It All Before" bien trop mou pour lancer un album du gang d'Ecklundh.
Nous retrouvons bien quelques titres, par-ci, par-là, qui nous rappellent les meilleurs moments de "Appetizer" ou "Spanking Hour". "Vaseline Bizniz" et son riff délirant est un des rares titres à concentrer énergie, refrain immédiat et solo de haut vol, alors que "My New Haircut" fait lui aussi preuve d'humour dans ses paroles et est également doté d'un refrain imparable sur fond de pop entraînante. "Bull", quant à lui, est un des rares moments où Freak Kitchen lâche un peu les chevaux pour un résultat puissant et énergique, un peu plus relevé par un break exotique à la guitare sèche, mais le reste n'est composé que de titres popisants, certes agréables, mais sans intérêt particulier. Tout juste retiendrons-nous le sympathique "Michael & The Syndrome" et le délirant "Six Dildo Bob And The Bluegrass Samba From Hell", instrumental mélangeant percussions tropicales, banjo ou musique country dans un amusant bazar. Le reste se laisse écouter agréablement, mais sans vraiment retenir notre attention.
Difficile donc de comprendre ce qui a pu se passer dans le cerveau délirant de Mattias et de sa bande. Si cette plongée dans des contrées popisantes a pu rendre leur musique accessible à un plus grand nombre, elle l'a aussi noyée dans la masse sans fin des groupes sans identité propre ni originalité. Il frôle même la correctionnelle sur un "Mr Kashchei & The 13 Prostitutes" au final narratif encore plus interminable que son titre. Espérons qu'il ne s'agit là que d'un léger détour explorant de nouveaux horizons, et non d'une sortie de route définitive, ce groupe ayant jusque là réussit à rendre sa musique particulièrement attachante.