"The Dark Ride" a donc bel et bien crée de grandes divisions chez les fans du groupe, beaucoup n’ont guère apprécié l’aspect lugubre du disque, de fait le disque s’est soldé par un échec commercial. La tournée qui a suivi la sortie, a de plus mis en évidence certaines tensions dans le groupe, Michael Weikath n’ayant pas du tout adhéré à l’orientation prise musicalement. Il limoge les deux responsables à ses yeux, le batteur Uli Kusch et le guitariste Roland Grapow, qui apprendront leur éviction dans la presse. Pour les remplacer, il fait appel à Sacha Gerstner de Freedom Call, groupe qui évolue dans un style très proche du Helloween des années 80, et à Mark Cross à la batterie. Ce dernier n’apparaît que sur deux titres suite à des problèmes de santé, et c’est Mikkey Dee (Motörhead) qui officie sur l’essentiel de l’album.
Musicalement, avec Charlie Bauefriend à la production, le groupe effectue un nouveau virage pour retrouver le speed métal mélodique habituel et aussi son univers fun typique. "Rabbit Don’t Come Easy" arrive fin 2003 avec une pochette très décalée et un livret rempli de petite citrouilles, ce qui doit soulager les déçus de "The Dark Ride", d'autant que Helloween revient à ses bases, même si ce dernier semble encore se chercher. Ainsi, le disque est trop long et souffre clairement d’un ventre mou. De plus Helloween n’avance plus guère et se contente de reproduire, certes avec talent, une recette qui a déjà fait ses preuves. Ce "Rabbit Don’t Come Easy" est quand même plaisant à entendre, mais il se pose plus comme un disque de transition que comme un nouveau grand cru du groupe.
La première partie de l’album est de fort bonne tenue, avec des titres efficaces, à la fois mélodiques et rapides. La recette prend à merveille avec, par exemple, "The Tune" qui est un excellent titre assez rapide, assez proche d’un Gamma Ray, notamment sur les couplets, doté d’un bon refrain assez épique et avec une très bonne mélodie assez joyeuse, et des soli inspirés. Il y a également le titre d’ouverture, "Just A Little Sign", qui est idéal pour débuter avec un ton très rapide et heavy, mais avec un aspect mélodique toujours présent, de plus un break assez soft vient couper le titre de belle manière avant des soli énergiques.
Dans ce début d'album, nous citerons également "Never Be A Star" et "Open Your Life", deux très bons titres plus posés, assez mid-tempo avec une belle montée en puissance et des refrains imparables. Celui de "Open Your Life" est assez speed tandis que celui de "Never Be A Star" est assez fort et taillé pour être repris en concert.
Après ce bon début, l’intensité baisse franchement, d’abord avec un "Liar", assez thrash mais raté et plus bruyant qu’autre chose. Puis il y a des titres trop classiques, vite écoutés et oubliés, comme "Sun 4 The World" ou "Do You Feel Good", aux allures de faces B. Il faut attendre en fait les quatre derniers titres pour retrouver un bon niveau. D’abord avec "Hell Was Made In Heaven" qui est un titre bien speed sur lequel Mikkey Dee s’en donne à cœur joie, le tout avec un excellent chant et un bon refrain très bien amené. Puis ensuite avec un titre plus sombre, "Back Against The Wall", qui contient pas mal d’effets sur la voix et présente un ton général plus sombre et agressif mais cette foi réussi. Enfin, après un "Listen To The Flies", titre de heavy speed classique assez efficace, nous avons affaire à l’ovni du disque, à savoir "Nothing To Say". En effet, sur plus de huit minutes, le groupe et Weikath en tête, retrouvent leur face fun et déjantée avec ce titre à forte connotation reggae sur le refrain et ensuite très varié musicalement. On passe du speed métal à des passages plus lents avec un même bonheur. Le résultat est en tout cas excellent et très frais, et rassure sur la vitalité du groupe.
"Rabbit Don’t Come Easy" est donc un disque mineur de Helloween. Le groupe laisse ses ambitions de côté en attendant de retrouver une nouvelle stabilité. Les quelques titres forts qu’il contient serviront essentiellement à rassurer les fans et à prouver que le groupe est bel et bien encore en vie.