Behemoth vient de changer de maison de disques et est un groupe qui ne lésine pas sur les moyens pour ne pas se faire oublier. Le groupe polonais nous a sacrément gâté depuis la parution de "The Apostasy" en 2007. Outre un live mémorable, " At The Arena Ov Aion - Live Apostasy" (enregistré à Paris, s'il vous plaît !), le trio conduit par Nergal nous a également gratifiés d'un très bon EP "Ezkaton". Alors pas la peine d'écrire que leur nouvel opus était attendu avec une certaine impatience.
Tout d'abord, admirons cette superbe pochette qui à elle seule donne déjà envie d'acquérir coûte que coûte le précieux objet. Behemoth attache un soin particulier au travail de son image, tant au niveau de l'artwork que question vestimentaire, et cette attention portée au côté visuel du groupe joue un rôle important dans sa notoriété croissante. Il s'agit pour le groupe de faire coïncider au plus près l'image avec l'atmosphère musicale et les propos qu'il véhicule. Et Behemoth est passé maître à ce jeu-là. Ecouter Behemoth c'est pénétrer dans un univers singulier.
Question musique, pas de réelle surprise, Behemoth joue tout simplement du Behemoth, et ce "Evangelion" s'inscrit pour beaucoup dans la continuité de l'excellent "The Apostasy". L'album débute par les meilleurs titres que sont "Daimonos" et "Shemhamforash", exemples types de ce que Behemoth sait faire de mieux. Titres magnifiquement apocalyptiques avec leur chant démoniaque, leurs riffs bétons et leurs rythmiques techniques et "blastiques" raz-de-marée. "Ov Fire And The Void", très ambiancé, apaise quelque peu les choses avant que "Transmigrating Beyond Realm" nous fasse de nouveau sentir une très bonne onde apocalyptique. Quant à "He Who Breeds Pestilence", il nous conduit joliment dans les affres de l'enfer.
Ensuite on tombe dans du bon conventionnel et un titre comme "The Seed Ov I", en dépit de ses qualités, vaut avant tout pour ses soli de guitares. Quant à " Alas, The Lord Is Upon Me" et "Defiling Morality Ov Black God", ils font plutôt office d'assez bons titres de remplissage. Enfin, l'album se termine, chose rare pour être remarquée, par un titre long de plus de 8 minutes, "Lucifer", dans la lignée des trois titres précédents : bon mais sans plus.
Behemoth peut être très fier de son dernier rejeton et peut bien critiquer le mixage de "The Apostasy", n'empêche que "Daimonos" s'avère un peu moins délectable que son prédécesseur. Est-ce dû à une sorte d'immédiateté disparue ou à un disque trop travaillé ayant fait perdre quelque peu au groupe une certaine et savoureuse froideur ? Peut-être est-ce dû également à un effet de surprise maintenant devenu sans objet ? Reste que "Daimonos", en dépit de sa fin peu palpitante, demeure un très bon album qui ne décevra pas les aficionados du groupe. Quant aux autres, cet album s'avère être une bonne entame pour découvrir le groupe qui s'affirme d'ores et déjà comme la tête de file du death métal polonais dans ce qu'il a de plus extrême.