"Urban Being" est le tout premier album de Destrage, groupe originaire de Milan. Très souvent la fiche d'un groupe prête plus ou moins à sourire entre la présentation affirmée et la réalité musicale, et celle de Destrage n'échappe pas à cette règle presque immuable. Le groupe italien nous balance une musique se présentant comme "un fort compromis entre le death métal mélodique européen, le meilleur du thrash/hardcore américain et le rock'n'roll" (sic). Le superlatif meilleur est assurément de trop et malgré de multiples écoutes en long et en large, tel une madone, je cherche toujours désespérément Susan, le rock'n'roll et le death métal mélodique.
L'album s'ouvre sur "Thrash For Sale" titre percutant particulièrement enthousiasmant avec sa mélodie d'ouverture et ses soli de guitares, et ce, malgré un refrain mélodique en chant clair digne d'un groupe de néo-métal américain. On se dit alors que cet album va être fort intéressant, car après tout on n'est pas si éloigné que cela du style développé par l'excellent Dry Kill Logic, tout au moins dans ses parties instrumentales. Sur une rythmique et des riffs tantôt thrashy, tantôt hardcore plutôt classiques, le groupe vient greffer ces petits plus qui savent capter l'attention de l'auditeur. Les guitaristes nous offrent des parties mélodiques et des interludes plutôt bien foutus. Et les bougres s'en donnent vraiment à cœur-joie, comme sur les titres "Art For Free", "The H Factor", "Infinite Dump System Circle" ou le titre éponyme final particulièrement captivant.
N'empêche que la présence de parties vocales typées néo-métal américain sur la quasi-totalité des titres ont le don de gâcher mon plaisir. Et un titre comme "Very Important Pointless" a vraiment le don de me filer de l'urticaire. Comme si le groupe cherchait à ratisser un auditoire aussi large que possible ne sachant pas si être trop "extrême" est un handicap ou non pour se faire une petite place au soleil.
De fait "Urban Being" s'avère être un album macédoine mêlant des ingrédients aussi variés que du thrash, du hardcore et du néo-métal. Et même si cela n'est pas vraiment un de mes mets musicaux favoris, il faut bien admettre que, dans l'ensemble, la mayonnaise intègre plutôt bien le tout. Le mélange des styles peut être lui-même un style en soi ou être l'indice d'une personnalité devant encore s'affirmer. En ce qui concerne Destrage, chacun pourra et devra se faire sa propre opinion. En tous cas voilà un groupe qui ne manque ni d'idées, ni d'un certain talent.