Grands ciels, quelle pochette !!! Etudier de nos jours la couverture du premier album de Presence représente au choix: soit un choc, soit un intérêt sociologique de premier ordre. Cette dernière montre le groupe, moustache au vent, permanente agressive et bas-résilles recouvrant difficilement leurs corps peu vêtus… Une sorte de mix entre ce que King Cobra et Ratt nous ont offert de pire à leur « meilleure période », la classe et les moyens en moins. Gloups.
Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines ; le dos de la pochette ne nous épargne aucun cliché, et nous présente une jeune femme sexy devant une table recouverte de bouteilles d’alcool, de mégots et de symboles du groupe (des baguettes, une photo des membres… de Presence)… Le trip, « Sex, Drugs & Rock ‘n Roll » dans sa plus basique expression.
Et pourtant, signe que les temps et les modes changent à un rythme effréné, lors de sa sortie ce disque était tout à fait dans la norme, voir même, considéré comme un peu plus mature ou travaillé que ses prédécesseurs, car on louait alors le professionnalisme et le potentiel du groupe. En effet, si Presence est arrivé sur la scène Hard Rock française un peu tardivement, on a (avait) le sentiment que le groupe a su mettre à profit ce facteur pour en tirer le maximum d’atouts. Ainsi, et considérant l’impasse dans laquelle étaient engagé la quasi-totalité de ses aïeux (Warning, Blaspheme et Satan Jokers avait splitté en 1985, Sortilege et High Power en 1986, date de sortie de ce premier opus de Presence), le groupe adopte une démarche beaucoup plus mature et réfléchie. Le chant se fera en Anglais, la musique piochera allégrement dans les styles des grands noms de la scène métal, et le marché international sera clairement visé.
Et le résultat est globalement très bon. S’il est clair que Presence ne pouvait pas remporter le premier prix d’originalité, le groupe propose un Hard Rock mélodique et qui, à défaut d’être novateur, est très agréable et bien exécuté. La musique est propre, les refrains sont propres, les mélodies sont propres, le chant est… Pour autant, il ne faut pas penser que Presence est un groupe aseptisé. Il est capable de faire parler les guitares, comme en témoigne "Stop (Breakin’ My Heart)", "Metal Rage" ou "Paris’ Burning". Les morceaux sont très plaisants, émaillés de refrains accrocheurs, bien que parfois un peu trop racoleurs et évidents ("Com’On Baby"). Ainsi, "Metal Rage", "Paris’ Burning" avec son intro et son solo, reprenant "La Marseillaise", et "When A Wall Is Made" sont d’excellents titres qui avaient clairement le potentiel pour devenir de gros succès. "No Way", la ballade de rigueur évite même la grandiloquence qui trop fréquemment accompagne ce type de morceaux. La reprise très correcte, et surtout très énergique, du "Rock ‘N Roll de Led Zeppelin, s’il elle n’apporte pas grand-chose de neuf, véhicule tout de même un peu de fraîcheur et rend le disque encore plus digeste.
Replacé dans son contexte, ce "Rock Your Life" ne présente pas de défaut. Tout au plus, et avec du recul, pouvons-nous reprocher au groupe un certain manque de maturité, notamment au niveau des paroles et dans certains arrangements un peu trop téléphonés. Mais, encore une fois, lors de la sortie de "Rock Your Life", ce constat n’était pas de mise et Presence passait plutôt pour un groupe avant-gardiste (dans sa démarche, et non dans sa musique). Pour tout dire, l’absence de succès que rencontra Presence est assez surprenante au regard de la qualité de sa production. Las, peu après la sortie de cet unique album, le groupe se séparera.