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""Animals" sonne comme un disque de Kurt Cobain au pays du prog', donnant à l'album une saveur nouvelle et particulièrement avant-gardiste."
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3/5
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Voilà un disque contrasté, tant par son contenu que par les avis qu'il provoque. De tous les floyds, Animals est celui qui partage le plus les fans du groupe. Et pour cause. Nous sommes en 1977. Le prog' est mourant. Pink Floyd est l'un des derniers groupes historiques à subsister. Mais sous quelle forme... Déjà après Dark Side of the Moon, les quatre musiciens sentaient la fin venir. Après Wish you were here, qu'est-il encore possible de faire ? Wright et Gilmour, qui composent de moins en moins, sont les partisans d'un repos qui les mènera à leurs deux albums solos sortis en 1978. D'ici là, Waters, devenu au fil des années un leader de plus en plus omniprésent, a décidé d'en finir et de faire définitivement du groupe "son" groupe.
Résultat, "Animals" est un virage très watersien qui met le groupe sur les rails qui le conduiront droit dans le Mur. Le sax et les choeurs, signes des deux derniers albums, sont définitivement abandonnés. La guitare rythmique fait une entrée en force. Les synthés ressemblent plus à ceux de "Welcome to the machine" qu'à ceux de "Any color you like", et dans l'ensemble "Animals" sonne râpeux et agressif.
Ce n'est pas un reproche. La réforme de Waters est salutaire et sert bien les solos de Gilmour (sur "Dogs", seul morceau co-écrit) et Wright (la formidable intro de Fender Rhodes de "Sheep"). "Animals" sonne comme un disque de Kurt Cobain au pays du prog', et cette réminiscence pré-grunge donne à l'album une saveur nouvelle et particulièrement avant-gardiste.
La faiblesse d'Animals, c'est d'abord son concept (des citoyens moutons gardés par des chiens de garde commandés par des porcs qui s'engraissent, métaphore on ne peut plus subtile et originale, n'est-ce pas ?), et aussi quelques longueurs dues à des tentatives pour créer une ambiance finalement trop glauque et pas aussi crue que dans le futur "The Wall".
Mais surtout, Waters commence son opération de sabordage du navire qui cumulera avec "The Final Cut" et la dissolution du Floyd. Waters a déjà plongé dans la mégalomanie et la folie, mais ne maîtrise pas encore sa psychose pour l'orienter vers de la pure jouissance musicale. Ce qui sera à venir deux ans plus tard avec "The Wall", dont "Animals" constitue un intéressant prélude.
Plus d'information sur
https://www.pinkfloyd.com/
LISTE DES PISTES:
01. Pigs On The Wing (part 1) - 01:25 02. Dogs - 17:04 03. Pigs (3 Different Ones) - 11:26 04. Sheep - 10:19 05. Pigs On The Wing (part 2) - 1:25
FORMATION:
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(8) AVIS DES LECTEURS
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Rapeux et aggressif ??? Voilà un avis qui me laisse très dubitatif. Bon, je veux bien reconnaitre que mon avis sur cet album est un peu partial, du fait qu'il est totalement représentatif de mes années lycée, et je pense que j'étais déjà un nostalgique à la naissance...
Mais tout de même ! Certes cet album tape fort, il VOUS tape fort. Il ne se glisse pas en vous suavement, il vous tord et vous laisse en miettes. Mais c'est un peu ce qu'on demande, non ? Pour moi, après bien des années d'écoute de leur carrière, cet album en constitue la clé de voute. Sans cet album, vous amputez Pink Floyd de la moitié de leur création artistique. L'emploi de la référence Orwellienne est un must. Il faut leur rendre hommage aussi pour ça, car c'est d'actualité sans cesse depuis ces 40 dernières années, plus que jamais aujourd'hui. Il est regrettable que les gens ne connaissent guère que le "1984" et largement moins "La ferme des animaux".
Cet album cumule une qualité musicale de très haute volée, une vraie nature de concept-album avec une homogénéité incontestable, une cause dans l'air du temps et de la plus haute importance, une capacité à imposer un climat (parfois oppressant, parfois planant), des émotions fortes, et une totale impossibilité à l'oublier une fois qu'on a effectué une première écoute.
Passez "Animals" sur votre platine, et toute activité s'arrête. La musique s'impose dès les premières mesures et vous visse au sol. C'est "parfait" à tout instant, absolument hypnotisant, exclusif. Les riffs, l'interpénétration entre voix et instruments, musicalement il n'y a rien à jeter. Au-delà même de l'oeuvre "PinkFloydienne", c'est un des plus hauts monuments de la musique depuis 1970 à ce jour.
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1977 j'avais 5 ans... l'age des culottes courtes, des cours d'écoles et de l’innocence. 1977 l’Angleterre était bouleversée par le vague punk, 1977 l’Angleterre allait mal. 1977 Pink Floyd avait plus de 10 ans, pas tout à fait l'age de la majorité mais plutôt la fin de l'innocence. 1977 sortait « Animals », avec la « Battersea Power Station » menaçante en couverture et le cochon Algie trônant au dessus... un disque sous-estimé et pourtant à mon sens le meilleur disque du Floyd.
« Amimals » c'est d'abord un concept album de 40 et quelques minutes, coincé entre « Wish You Where Here » gonflé de lamentions sur l’absence et « The Wall » ampoulé de lamentations de rock star, il fait figure de vilain petit canard entre ces deux grand frères au succès immense.
A cette époque Pink Floyd est sous tension, au bord de l'implosion, le bassiste ira jusqu’à cracher sur les spectateurs qui n'écoutent pas le message de sa musique... en somme, l'homme est torturé et ça se voit : sa musique est torturée, sans compromissions.
« Animals » : une galette, cinq chansons, trois longues chansons de plus de 10 minutes et deux plus courtes ; tout ça peut sembler peu de chose, mais ... Le concept est largement emprunté à Georges Orwell et sa ferme des animaux.
Ceci au moins dans la forme, car même si Waters dépeint les chiens brutaux, sauvages et cyniques ; les cochons dirigeants et impitoyables et les moutons aveuglés et obéissants ; il prend le contrepied du livre qui l'inspire pour mettre en place une satire sociale cruelle de l’Angleterre de l'époque : la bienséance et le conservatisme de certains (Whitehouse de Pigs – Three Differents Ones), l'aveuglement des masses (Sheep), l'ultra religiosité (parodie du Psaume 103 dans Sheep) et surtout l'hyper-industrialisation et la sauvagerie qui en découle (Dogs) : en résumé la pression de la société et l'avilissement du plus faible au profit des forts. Un espoir subsiste : les moutons n'arrivent-ils pas à se rebeller en fin de compte : « Bleating and babbling we fell on his neck with a scream. Wave upon wave of demented avengers March cheerfully out of obscurity into the dream. Have you heard the news? The dogs are dead! You better stay home And do as you're told. Get out of the road if you want to grow old. »
Les trois morceaux longs ont une sauvagerie, une froideur et un cynisme inégalé. On se rappelle que à cette époque la vague punk bat son plein... on a ainsi, parfois l'impression que Pink Floyd joue du Punk à sa façon : riffs de guitare tranchants, synthé aux sonorités froides à vous faire dresser les poils sur le bras, basse omniprésente, batterie épileptique, solos de guitare déchirés, déchirants et dissonants (un Gilmour au meilleur de sa forme paradoxalement)... et puis tout ces effets de production qui renforcent l'ambiance « fin de siècle », des plages de synthé éthérées à la froideur arctique... on reconnaît bien notre Pink Floyd adoré.
On pourrait reprocher à cet album la petite compromission à laquelle il se soumet : deux morceaux semi-acoustiques (Pink On The Wing Part 1 et 2) qui font un peu office de lumière dans toute cette noirceur et cette obscurité, mais qui me semblent déplacés.
L'essentiel est surtout que Pink Floyd n'existe plus (tout du moins le Pink Floyd de Dark Side Of The Moon) et ça se sent... le seul maître à bord est Waters, même si son bébé est un coup de génie, ses compagnons sont écrasés sous son autorité, sa mégalomanie et son cynisme : ils sont relégués au rang d’exécutants sages et appliqués.
Finalement l'album reste et restera un chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvre, une pépite d'or noir.
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A l'inverse d'un Genesis dont la période initiale, comme pour beaucoup d'entre nous, a été écrasante de supériorité par rapport à la suite, j'ai d'autant plus apprécié les Pink Floyd (adoré serait plus exact, en bout de parcours), au fur et à mesure que l'on s'approchait de la fin. Exceptions faites des deux derniers opus, qui resteront pour moi d'excellents albums de rock atmosphérique, mais qui ont perdu l'essentiel de la folie floydienne. Le départ de Waters ayant bien entendu laissé la griffe de Gilmour s'imprimer avec force, sur Momentary... et Division Bell. En fait, je ne suis pas un réel fan du Floyd d'origine; c'est ce que Waters a injecté dans cette musique qui m'a tout particulièrement captivé. Alors, parvenu à Animals, évidemment, je suis déjà totalement envoûté. Je le préfère encore à Wish You Were Here, qui est un peu plus vulnérable à l'empreinte du temps, à mon sens. Animals, c'est un album venu d'ailleurs, qui dissimule sa beauté. Quelque chose de très improbable, dont seuls les plus grands compositeurs sont capables. Rarement la musique ne m'a été aussi psychédélique, planante et rock à la fois. Je peux écouter ce disque en boucle, et avoir le sentiment que ma stupéfaction ne cesse de grandir. Et quand je n'ai pas réécouté du Floyd depuis un certain temps, me prenant alors à y songer de nouveau, c'est souvent Animals qui me vient en premier à l'esprit. "You better watch out, there may be dogs about !"
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Voir les 8 avis des lecteurs
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(2) COMMENTAIRE(S)
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LECTEURS:
4.6/5 (39 avis)
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STAFF:
4.6/5 (21 avis)
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