Bénéficiant du soutien d'Aor Heaven, Frontline semble pouvoir laisser derrière lui tous les problèmes de distribution qui l'ont handicapé jusqu'à présent. Le combo germanique nous revient donc avec "Against The World", cinquième album officiel, mais seulement troisième véritable album, étant donné le côté fourre-tout de "Acoustics" ou de "Right Attitude".
Le line-up reste le même et la formule ne change pas beaucoup, même si l'ensemble sonne un peu plus musclé que sur les précédents opus. Sans révolutionner sa musique, ni le son qui lui ont permis de se faire une place dans le paysage du Hard FM / Aor, Frontline semble enfin prêt à se stabiliser et à s'engager dans une carrière prometteuse. Stephan Kaemmerer s'impose comme une référence parmi les vocalistes du genre, alors que Robby Boebel confirme ses nombreuses qualités, que cela soit au niveau de la composition, de la production, et surtout d'interprétation, la plupart de ses soli étant de véritables petits joyaux.
S'il ne bénéficie pas de titre marquant comme "Heaven Can Wait", "Man In Motion" ou "On The Run" sur ses prédécesseurs, "Against The World", ne souffre pas non plus de point faible. Tout juste pousserons-nous un petit coup de gueule au sujet de "I Don't Know". Alors que son excellent refrain aurait dû en faire le titre référence de l'album, ce morceau se voit doté d'un couplet honteusement pompé sur celui du "Heart Turns To Stone" de Foreigner. Comme il ne s'agit pas de la première sortie de route de Frontline en la matière, voilà qui devient un défaut récurrent et vraiment handicapant.
Dommage car l'ensemble est vraiment de qualité. Le quintet sait toujours varier les tempos avec classe et jouer avec quelques introductions ambiancées ("Against The World", "You Should Know Me") faisant également office de breaks. Même s'ils sont moins marquants qu'à l'habitude, les refrains restent cependant de qualité ("My Destiny", "Time Stood Still", "One Night", "Don't Break My Pride") et la ballade de rigueur ne tombe pas dans la mièvrerie ("Man With A Broken Heart").
Si l'on pense souvent à Journey ou Foreigner (trop même sur "I Don't Know"), Frontline n'en a pas moins créé une identité propre et bénéficie surtout d'un son qui permet de le reconnaître dès les premiers accords. C'est à la fois propre, énergique et légèrement aérien. Les compositions étant de qualité, il est difficile de comprendre que nos amis Allemands n'aient pas vu leur carrière décoller vers les sommets du genre dont ils sont d'excellents représentants. Une distribution moyenne, et surtout des plans copiés sur les petits camarades en sont peut-être les principaux responsables. Il n'en reste pas moins un album de qualité que tout amateur d'Aor énergique et bien léché se doit de découvrir.