Fin 2002, la seconde rupture du groupe est consommée et chacun part s’exprimer dans différents projets annexes. Les fans revivent ce qui, quelques années plus tôt, avait laissé le groupe exsangue. Mais c’est sans compter avec l’incroyable affinité de Duffy et Astbury. En 2005 quelle surprise de retrouver notre combo pour une série de concert avec John Tempesta (Exodus, Testament) à la batterie. Courant 2007 The Cult est définitivement de retour avec une signature chez le géant Roadrunner et l’heureux évènement s’appelle Born Into This. Les fans sont euphoriques et ils saluent comme il se doit un album qu’ils attendaient depuis six ans. Les ventes sont correctes avec une distribution allant des Etats-Unis à la Croatie, en passant par la Canada. Même si le succès est loin maintenant, le groupe n’en est pas moins décidé à se faire encore plaisir et le disque en fait la preuve en 10 morceaux.
"Born Into This" retentit et la basse vrombissante rassure. Le refrain est explosif et le gosier de Astbury toujours aussi investit à distiller la mélodie avec passion. Avec un son plus moderne et très brut, Born Into This vient perpétrer les minutes de bonheur procurées par Electric ou Ceremony. Les chœurs de "Citizens" viennent hanter un titre qui met Paris et sa jeunesse en image. Dans un rythme plus funkisant, "Diamonds" embrase l’espace et le rythme syncopé de "I Assassin" produit un refrain entêtant. Que de grands morceaux de rock dans ce Born Into This et donc, de difficulté à en extraire. Seule petite réserve avec la ballade "Holy Mountain" qui réchauffe les cœurs avec de belles harmonies vocales, mais se place loin derrière une "Edie" et semble bien moins travaillée que les autres morceaux de l’album. Avec son intro à la guitare acoustique, "Tigers In The Sun" surprend avec un refrain d’un lyrisme époustouflant dont Astbury se fait le porte voix avec une fêlure rarement entendue chez le chanteur. C’est sur le rafraîchissant "Sound Of Destruction" que se clôt un album réussi et sans faute, mais qui demande quelques écoutes pour pouvoir bien en distinguer toutes les nuances.
Groupe instable mais qui a toujours su se retrouver pour fêter la musique au sens noble du terme, The Cult a sorti huit albums studios, une compilation de raretés, un best-of et quelques albums live avec comme dénominateur commun la qualité et la diversité. Il n’y a eu que de grands albums, avec à chaque fois une orientation parfaitement aboutie. Il est plus que nécessaire de parcourir avec attention la carrière de ce groupe rare et talentueux, génie de la mélodie et orateur d’un propos intelligent et engagé. En juillet dernier, Ian Astbury annonçait ce que chaque fan redoutait, la fin de The Cult. La manière dont Astbury amène le fait qu’il ne devrait plus y avoir d’albums de The Cult tient plus de la résignation devant un art de faire la musique obsolète que de la pure envie d’arrêter le groupe par manque d’inspiration ou de motivation. Il ne nous reste plus qu’à attendre que le temps passe en espérant une énième reformation. Si le groupe devait rester muet pour de bon, les occasions de jubiler seraient malgré tout encore nombreuses, le groupe nous ayant laissé une œuvre consolatrice et généreuse. Je vous laisse seul juge devant les propos du chanteur, dernière rai de lumière venu éclairer une époque. En espérant ne pas refermer le chapitre The Cult avec cette chronique.
Extraits de El Paso Times :« There will be no new album. I don't think we'll ever see a Cult album. Albums are dead. The format is dead. iTunes destroyed albums. The whole idea of an album. Albums were established in the '70s and '80s and into the '90s, but they've been dead for a long time. Nobody buys albums. It's been proven. (…) It's an old form and, for me, it's much more about if we have a great song we really believe in, then we'll record it and release it. (…) For me, the idea of making albums is dead. The idea of spending a year and a half in the studio arguing over agendas and trying to fit into a format that's settled before we started the creative process (is unappealing)»