A l'heure du règne de l'instantané, de la révolution des communications, il peut sembler étonnant qu'un album tel que "Eraser", seconde offrande de Revengia, pouvant profiter de la renommé d'Arch Enemy (le projet a été en effet été monté par son batteur, Daniel Erlandsson, qui le quittera néanmoins assez vite) et de la caution "made in Fredrik Nordström", ait pourtant dû patienter deux ans pour franchir les frontières et traverser les kilomètres séparant la Suède de la France !
Mais peut-être que la raison de ce délai de livraison curieux est tout simplement à chercher du côté de la qualité de l'opus en lui-même ? Même pas. Sans être une tuerie absolue, "Eraser" n'a pas à rougir de son contenu. Le temps de dix cartouches super efficaces, bien qu'aussi peu originales que leur titre, le groupe y vidange un honnête thrash, puissant, et toujours enrobé de ces atours mélodiques comme les affectionnent les Suédois. Les nombreux soli très heavy métal en témoignent.
Ceci dit, on ne saurait réduire Revengia à un énième clone de In Flames par exemple, quand bien même certains morceaux peuvent y faire penser, tel que "Sweet Dreams" et plus encore "Life", pour ne citer que deux exemples. Ainsi, de part le chant, qui s'est frotté à du papier de verre, de Tobias Gustafsson (bassiste chez Armageddon, le jardin secret de Christopher Amott, en sommeil depuis l'explosion commerciale de Arch Enemy), la plastique sonore des Scandinaves se nourrit aussi du métal velu américain.
C'est carré, solide, et une poignée de compositions, dans la seconde partie notamment ("Holy Lies", introduit par des accents orientaux, "Pain" et sa rythmique de Panzer, le rugueux "Eraser", qui ouvre l'écoute cependant) aurait tout à fait le potentiel pour être des hymnes imparables. "Eraser" envoie le petit bois et les musiciens sont au taquet. Toutefois il faut bien admettre que les morceaux s'enchaînent sans grande passion ni folie, la faute sans doute à un chant qui manque de variété dans ses attaques.
Au final, nous ne retiendrons pas grande chose de cette rondelle, si ce n'est l'impression de s'être fait défoncer les oreilles cinquante minutes durant et sans faire de pause. Le groupe, qui donne par trop l'impression de se contenter d'appliquer une simple recette, gagnerait de fait à transcender son matériel afin de se démarquer et de s'extraire de l'ornière de la série B dans laquelle il est prisonnier. Finalement, on comprend mieux pourquoi ce disque est resté dans un congélateur suédois depuis deux ans...