Derrière le projet Aeon Zen se cachent Richard Hinks et Lloyd Musto, deux jeunes musiciens londoniens âgés de près de 17 ans. Après avoir fréquenté la même école de musique, ces derniers forment en juillet 2008 leur propre groupe, qui présente la particularité de fonctionner sans chanteur attitré; le poste vacant étant offert à différents vocalistes de renom. Cette formation, pour le moins singulière, accouche rapidement d’un premier effort studio aussi abouti que prometteur.
Malgré leur jeune âge, nos deux amis londoniens font preuve d’une remarquable habileté à composer des morceaux oscillant entre métal prog et rock progressif. Les claviers atmosphériques savent laisser place à des solos aériens comme à des rythmiques énergiques, voire brutales, sans pour autant paraître désorganisés. En passant de l’hymne au piano, subtilement soutenu par des cordes et par le toucher exemplaire du claviériste, au pavé progressif épique avec quelques voix death, Aeon Zen nous offre un album aussi brillant que complet.
Mais si les compositions de "A Mind's Portrait" font preuve d’une admirable diversité, elles sont aussi inégales, et une nette perte de vitesse se fait ressentir sur certains morceaux. De plus, nous l’évoquions précédemment, les parties vocales représentent presque à elles seules un argument assez puissant pour convaincre les amateurs de métal progressif de jeter une oreille attentive sur le présent album. Mais si confier le micro à Andreas Novak (Mind's Eye), Matt Shepherd (Timefall), Andi Kravijaca (Seventh Wonder), Elyes Bouchoucha (Myrath), Nils K Rue (Pagan's Mind) et Cristian Van Schuerbeck (All Too Human) renforce le travail d’interprétation déjà rondement mené par nos deux jeunots, le rendu final perd légèrement en cohérence. Une bonne partie des morceaux faisant appel aux prestigieux invités ressemblent d’avantage à des titres de leurs propres groupes. La diversité d’origine, trop développée par les interprétations des différents chanteurs, a donc laissé place à un ensemble de compositions regroupées sur un même disque, plutôt qu’à un album en tant qu’entité cohérente.
On pourra toujours reprocher à Aeon Zen de ne pas encore avoir acquis sa véritable identité musicale, et de livrer ainsi un album à la fois conventionnel et trop épars. Mais au-delà des considérations artistiques relatives à un manque de maturité, les faits sont incontestables : Le coup d’essai de cette formation naissante est une réussite qui satisfera, par au moins un de ses morceaux, n’importe quel amateur de métal progressif.