Depuis 2004, date de formation du combo clermontois, Cloverseeds a semé les graines d’un rock aux influences marquées, leur permettant aujourd’hui de récolter un véritable succès d’estime qui va même au-delà de nos frontières. Ceci dit, contrairement à ce que pourrait laisser penser leur nom de scène, la chance n’est en rien responsable des retours dithyrambiques concernant 'Innocence'. Car, après deux Ep’s sous le nom de Jellyfish, ce premier album préfigure d’ores et déjà, et sans être un grand devin, un statut de révélation de la scène rock française pour cette formation qui, n’ayant pourtant pas encore cette touche personnelle qui les distinguera des autres, s’attribue par contre le meilleur d’une abondante source d’inspirations.
Puiser son art au sein de très nombreuses influences sans jamais se disperser, voilà donc l’un des talents certains de Cloverseeds. Sans effectuer de grand écart, le quintet aborde des thèmes qui rappellent au bon souvenir la mélancolie légèrement nébuleuse de Radiohead ("Bunkers And Cathedrals"), Porcupine Tree ("Town") voire Muse ("Avalon") D’autres schémas plus nerveux présents sur "Recall" sont, de leur côté, plus accès sur des constructions propres à Oceansize.
Globalement sombre, à l’instar du lent et désenchanté "Kahos" mis en obscurité par la production sans fioriture de Chris Sheldon (Oceansize, Roger Waters, Foo Fighters...) rendant les guitares très granuleuses, presque sales, l’album bien loin d’être innocent se débride sur "Dark Flag". Soudainement impulsif, aux allures d’un Soundgarden époque 'Badmotorfinger', Cloverseeds peut montrer dès lors un visage plus véhément.
L’empreinte laissée par leurs aînés s’inscrit parfois au niveau individuel, lorsque à titre d’exemple, les quelques soli floydiens se font l’écho d’un hommage inspiré au feeling de Gilmour. Artiste caméléon, Cédric Oléon l’est aussi. Le temps d’un titre, le frontman de Cloverseeds prend en effet parfois l’apparence vocale de Tom Yorke ou plus saisissant de Steven Wilson sur "Town".
Du fait d’un talent d’écriture indéniable, instigateur d’un rock à la beauté brute, ce premier véritable essai inspire, à son tour, un grand respect. Après une vingtaine d’écoutes, l’intérêt, l’appétit pour ces mélodies torturées voire désespérées reste toujours intact, vif comme lors de leur découverte. Du grand rock tout simplement.