Il est généralement difficile de donner suite à un grand disque et pour Gamma Ray, il s’agit d'un "Land Of The Free" qui a été une réussite à la fois artistique et commerciale. Autant dire que le challenge est difficile. Pour ce "Somewhere Out In Space", le groupe change encore une fois de line-up. Aux côtés de Kai Hansen qui reste à la guitare et au chant, le guitariste Dirk Schlächter passe à la basse et laisse sa place à Henjo Richter. De plus Dan Zimmermann arrive au poste de batteur. La composition de l’album reste l’apanage de Kai Hansen même s'il délègue pas mal à ses musiciens, ce qui peut laisser penser qu’il a enfin trouvé son line-up idéal. Musicalement, le groupe n’a cette fois pas changé sa formule, conscient qu’il tient depuis "Land Of The Free" sa marque de fabrique et une très forte identité. Nous retrouvons donc ce subtil mélange entre titres typés speed métal mélodique et titres plus posés assez recherchés.
"Somewhere Out In Space" est malgré tout un peu en deçà de son formidable prédécesseur. Il contient moins de tubes imparables, et il est de plus handicapé par un ventre mou dans la deuxième partie du disque. Il ne faut, malgré tout, pas bouder son plaisir. Ce disque reste un grand cru du genre et du groupe. Il contient sa dose de très bons titres, en particulier dans sa première moitié. Il s’ouvre d’ailleurs avec un titre très efficace, "Beyond The Black Hole". Voici un titre de heavy speed mélodique comme Gamma Ray sait si bien les faire, avec une excellente mélodie, un refrain instantané avec des chœurs et un break assez lent au milieu d’un ton ultra rapide qui met dans l’ambiance immédiatement. Après cet ébouriffant début le groupe ne relâche pas la pression. Il y a en effet un "Men, Martians And Machines" assez court, mais rapide et très puissant, avec chant moins speed plus puissant et agressif, en particulier sur un refrain martelé qui donne au titre toute sa force. Juste le temps de souffler avec un "No Stranger" plus lent et assez typé heavy rock, notamment sur le refrain, mais avec quand même des soli assez speed, le tout donnant un excellent mélange, frais et puissant. Puis, avec le titre éponyme, c'est le retour d'un heavy speed classique et efficace, très rapide, se calmant juste un peu sur un refrain assez épique avec chœurs.
Cette bonne partie se termine avec "The Guardians Of Mankind" et "Valley Of The Kings". Le premier est un excellent titre de heavy mélodique, très varié musicalement avec un chant superbe, posé et épique, pour mieux atterrir sur un refrain assez joyeux dans la grande tradition du genre. "Valley Of The Kings" est, quant à lui, le tube absolu du disque. Précédé par une intro assez sombre, c’est un joyau de heavy mélodique avec une mélodie et un refrain imparable qui déboule et qui a tout pour faire fureur en concert.
La suite a du mal à enchaîner avec une ballade, "Pray", assez longue et mièvre, loin des titres que le groupe a pu faire dans le genre. Quant à "The Winged Horse", c'est un long titre de heavy mélodique mais avec une mélodie peu efficace et des claviers peu à leur place. Enfin, le solo de batterie, "Cosmic Chaos", est complètement inutile et précède un "Lost In The Future" qui, malgré un bon refrain, part dans tous les sens sans réelle accroche. Il faut en fait attendre les deux derniers titres pour retrouver un très bon niveau, avec un excellent" Watcher In The Sky", titre classique de speed mélodique, mais très efficace grâce encore à son refrain et a ses mélodies très variées, et "Shine On" et son intro "Rising Star". Hansen y propose un nouveau titre à ambiances assez long comme il en a déjà proposé plusieurs. Une fois de plus, il réussit ce difficile exercice avec brio avec de nombreuses variations et des chœurs encore très présents.
"Somewhere Out In Space" est donc, malgré ses défauts, un bon disque du groupe. Il se présente comme la suite logique de "Land Of The Free" et s’écoute avec plaisir, même s'il restera un disque relativement mineur dans la grande période du groupe. Gamma Ray vit clairement sur ses acquits avant de repartir de l’avant. Nous conseillerons malgré tout ce disque pour les quelques grands titres qu’il contient et qui méritent le détour.