Voilà presque 10 ans que nous attendions un nouveau véritable album du quatuor permanenté. Pourtant, Poison ne semble pas avoir souffert de la pression et nous propose un véritable retour vers le futur avec ce "Hollyweird". En effet, si les titres inédits présents sur "Power To The People" avaient laissé entrevoir un côté un brin aventureux, il n'en est rien de ce nouvel opus qui semble tout droit sorti des sessions de "Open Up And Say… Ahh!". Si ce voyage en arrière a le bon goût de nous faire rajeunir, il n'en est pas dénué de tout défaut pour autant, malgré tout le plaisir qu'il peut nous apporter.
En effet, la production est des plus artisanale, ce qui est assez décevant de la part d'un groupe ayant squatté les charts US à la fin des années 80. Le son est sec et la voix prend parfois un peu trop de place par rapport aux instruments, alors que la caisse claire flirte parfois avec une production sortant d'un garage. Ceci dit, ce défaut n'est pas rédhibitoire, d'autant qu'il semblerait que la démarche soit volontaire. Les 3 titres chantés par C.C DeVille ("Emperor's New Clothes", "Livin' In The Now" et "Home (CC's Story)") vont d'ailleurs dans ce sens, dans un style punk, énergique et épuré, même si la voix du six-cordiste ne restera pas dans les annales. Ces morceaux ne sont pas les seules nouveautés parmi un ensemble qui ressemble pourtant à un retour aux sources représentées par les 2 premiers albums. En effet, Poison nous propose un exercice original avec le titre "Home", interprété 2 fois à la suite, avec la même mélodie, le même refrain, mais avec des paroles différentes correspondant à la même situation vue, une première fois par Bret, et la seconde par C.C.
Pour le reste, pas de surprise notable, mais une bonne humeur communicative typique du combo US à ses débuts. Ce dernier fait même preuve d'autodérision sur un "Stupid, Stoned & Dumb", délicieusement rétro avec ses chœurs en harmonie. L'exercice classique de la reprise revient cette fois à "Squeeze Box", morceau des Who particulièrement entraînant et qui fera office de single. Pour le reste, il donne l'impression d'être tiré tout droit des sessions des 2 premiers opus, un titre comme "Shooting Star" allant jusqu'à nous resservir la recette d'un "Fallen Angel". Quant à Bret Michaels, il nous ressort les poncifs qui ont fait le succès du groupe à grands coups de "C'mon C.C…" et autres "Mister Rockett, gimme the beat…". Malgré tout, la démarche semble plus être portée par un souhait de revenir à des valeurs qui ont fait le succès du groupe, qu'à une véritable opération commerciale, ce qui laisse à l'ensemble fraîcheur et bonne humeur.
Malgré des défauts que l'on trouve d'habitude chez de jeunes groupes, Poison réussit cependant son retour aux affaires. Le quatuor semble s'être enfin rappelé qu'il était un des meilleurs party-band de la planète Hard-Rock, et que cette musique spontanée et sans prise de tête était ce qu'il faisait de mieux. Certains pourront toujours disserter sur le manque de profondeur de la démarche, mais il n'empêche des groupes comme Poison sont indispensables à la scène rock pour continuer à nous apporter notre dose vitale de détente.