Entre 1988 et 1993, Lillian Axe avait sorti, avec beaucoup de régularité, 4 albums de heavy rock mélodique, progressant à chaque sortie en qualité et en reconnaissance du public. Il avait même semblé résister au tsunami grunge du début des années 90. Ensuite, sans jamais vraiment disparaître, il connût un long hiatus qui prendra fin en 2007, avec l’arrivée d’un nouveau chanteur, Derrick LeFevre et la sortie du très bon "Water Rising". Deux ans plus tard, Lillian Axe et LeFevre passent l’épreuve de confirmation, et à cette occasion, nous proposent le long "Sad Day On Planet Earth". Tout un programme, tressez déjà vos cordes et cherchez un tabouret !
Les principaux reproches faits à l’album précédent étaient un mauvais agencement des morceaux et une certaine monotonie dans les rythmes. Ce n’est plus le cas ici, et le groupe alterne des morceaux mid-tempo aux riffs bien lourds et à la basse agressive ("Jesus Wept", "Ignite"), et des titres plus enlevés ("The Grand Scale Of Infinity", "Cold Day In Hell"), ou aux structures plus complexes ("Blood Raining Down On Her Wings", "Divine"), le tout entrecoupés de ballades judicieusement interprétées ("Sad Day On Planet Earth" et surtout "Within Your Reach").
Lillian Axe a toujours proposé un hard rock à tendance heavy mélodique en évitant les gros clichés du genre le plus souvent. Avec "Sad Day ...", sa personnalité s’accentue encore et il gagne en profondeur. Certains titres sont de véritables perles émotives, comme "Divine" , ou "Within Your Reach" ; émotion traduite à la fois par la voix désespérée de LeFevre et les soli inspirés de Steve Blaze. Ces deux compères tiennent indiscutablement la barre (ou devrais-je dire l’axe !) du groupe. LeFevre s’est remarquablement intégré, et même s’il n’a sans doute pas les mêmes capacités que son prédécesseur, il dégage puissance et personnalité. Examen de passage réussi donc ! Blaze est également en grande forme et ses interventions sont remarquables, efficaces et mélodiques, approchant parfois, mais sans copier, la sensibilité d’un Brian May ou d’un Mick Ronson.
Au niveau de la production, on appréciera, ou pas, le côté « grunge », brut de décoffrage du son qui ajoute encore au côté instantané et presque urgent de leur musique. Ce sont les musiciens et les compositions qui sont au premier plan, sans fioritures inutiles. Le dernier titre "Fire, Blood, The Earth And Sea", de plus de 8 minutes, est une superbe complainte mélodique, bien dans la ligne du reste de l’album. Chœurs féminins en rappel de l’introduction, cris écorchés, riffs et batterie massifs, solo déchiré et finale oppressante. Tout l’album y est résumé: passez la tête et enlevez le tabouret !
Lillian Axe confirme donc aisément son retour au plus haut niveau qualitatif, son « SDOPE » est une oeuvre très cohérente, plus mélodique, plus variée, parfois hypnotique, mais aussi plus cru et plus sombre que son prédécesseur. Sans un moment faible, ce n’est pourtant pas un album consensuel, mais c’est un coup de cœur !