Alors que "For Those About To Rock" et "Flick Of The Switch" ont marqué un léger recul de popularité pour AC/DC, les comparaisons entre Brian Johnson et Bon Scott ont repris de plus belle. Le débat entre les antis et les pro-Brian ne va pas se calmer avec ce EP sorti pour fêter les 10 ans de l'arrivée de Bon Scott aux côtés des frères Young. En effet, alors que le charismatique chanteur est décédé 4 ans auparavant, Malcom et Angus décident de mettre un peu d'ordre dans leur discographie hors Australie, en rééditant 5 titres qui n'apparaissaient pas sur les éditions mondiales de "High Voltage" et "Dirty Deeds Done Dirt Cheap". Sans entrer dans une polémique aussi stérile que ridicule, le fait est que ce retour aux origines du combo légendaire est des plus rafraîchissant et enthousiasmant.
En effet, toute la spontanéité du combo saute aux oreilles avec l'irrésistible bon vieux boogie rock'n'roll de "Show Business" ou la reprise du classique de Chuck Berry "Baby Please Don't Go". Premier succès d'AC/DC ayant permis quelques passages TV au groupe, dont un célèbre voyant Bon déguisé en collégienne, ce titre figurait sur l'édition australienne de "High Voltage". C'est d'ailleurs le cas de tous les autres titres, en dehors de "Jailbreak" sur lequel nous reviendrons plus tard. En effet, Angus étant un fan ultime de Chuck Berry, il est intéressant de voir à quel point un groupe aussi jeune qu'AC/DC à l'époque, a pu réussir l'exploit d'être à la fois fidèle à la version originale, tout en lui apportant quelques touches typiques de ce qui deviendra une partie incontournable de son identité. La rythmique est hyper-carré, Bon Scott fait déjà preuve de son inimitable gouaille, et Angus impose déjà son style. Les 2 frontmen font d'ailleurs preuve d'une belle complicité sur le final de ce titre.
Avant d'en venir au légendaire "Jailbreak", nous citerons "You Ain't Got A Hold On Me", boogie gentillet aux accents popisants, et l'original "Soul Stripper". En effet, ce dernier bénéficie d'une introduction de 2 minutes, ce qui est assez rare chez AC/DC, d'autant plus qu'elle est assaisonnée de quelques percussions et d'une ambiance un brin psychédélique. Très 70's et doté de soli à rallonge, ce titre aurait pu être le sommet de ce EP. Malheureusement pour lui, et heureusement pour nous, les Young Bros; ont eu la bonne idée d'étoffer ces chutes de "High Voltage" d'un titre d'anthologie uniquement présent sur l'édition australienne de "Dirty Deeds Done Dirt Cheap", à savoir l'éponyme "Jailbreak". Riff et refrain inoubliables, chœurs virils, puissance et dynamique d'interprétation, structure faussement simpliste, cette petite perle Hard-Rock est dotée de tous les éléments pour la rendre légendaire. Bon Scott y fait la preuve de tout son talent de compteur, et Angus vient génialement illustrer ses propos après le solo.
"'74 Jailbreak" remplit donc parfaitement ses différentes missions. Il vient combler tous les die-hard de Bon Scott en leur offrant une dose supplémentaire de titres interprétés par leur idole disparue. Il permet à AC/DC de souffler entre 2 albums officiels, et surtout, il rend l'hommage que ces titres méritaient en les mettant enfin à la disposition des fans européens et du monde entier. Enfin, il met en lumière un véritable monument injustement oublié jusque-là, et les dieux du Hard-Rock savent à quel point "Jailbreak" le méritait.