Au royaume du metalcore, les Allemands de Caliban ne font pas figure de premier venu. Douze ans d’existence, sept albums, deux splits avec Heaven Shall Burn et un Ep, les Teutons ont déjà de quoi faire saliver bon nombre de formations. Pourtant, et ce malgré une renommée internationale, leur discographie abondante mais en dent de scie n’a pas toujours fait l’unanimité. Mais c’est fraîchement signé chez Century Media Records, de nouveau prêt à en découdre, que Caliban annonce la naissance de sa nouvelle et braillarde progéniture intitulée "Say Hello To Tragedy", titre qui, faut-il espérer, n’aura en rien un caractère prémonitoire.
Une première écoute apporte déjà un double constat : le sens de l’agressivité du quintet est toujours bien aiguisé, sans concession. Les riffs hardcore souvent rapides, à l’image du tonitruant "24 Years" introduisant l’album, se mêlent aux lourds breaks métal. Le chant de Andreas Dörner reste lui cristallin comme une scie circulaire, afin de mieux mettre en relief le concept de ce nouvel opus s’appuyant, d’après ses auteurs, sur la possibilité d’éviter nombre des tragédies actuelles en portant "un peu attention à ses voisins, ses proches et au monde en général". Les teintes mélodiques, apparitions de chant clair de Denis Schmidt et de claviers, viennent cependant tempérer toute cette véhémence captée pour l’occasion par Adam Dutkiewicz (All That Remains, Killswitch Engage, Every Time I Die,…)
Les Allemands savent donc de quoi ils parlent et tout est parfaitement exécuté, Patrick Grün en tête avec des parties de batterie aux allures de furieuse cavalcade. Mais là où le combo n’a plus à prouver grand chose sur sa technique, il pêche une nouvelle fois sur une faiblesse souvent relever autrefois, à savoir une fâcheuse tendance à se répéter au fil des titres. Sans s’attarder sur l’originalité de ce dernier Caliban qui ne semble pas en avoir été la démarche première, ces douze coups de massue, efficaces dans l’absolue, mais relativement peu rutilants, restent unis par un lien de cousinage assez marqué et frustrant à l’écoute.
Contrairement au personnage de Shakespeare dont est tiré leur nom, ce dernier Caliban est loin d’être monstrueux, ni dans le bon, ni dans le mauvais. Une livraison qui aurait peut-être mérité d’être retardée afin d’en peaufiner les contours. Un album en forme, ni de tragédie, ni de trait de génie.