"My Own Haze" est le tout premier album des français d’Anorak. Le groupe s’est formé en 2005 dans la région d’Amiens et, si l’on en croit sa biographie, il doit bel et bien son nom au célèbre vêtement. En effet le quatuor voulait à la base créer sa ligne de vêtement et devant l’échec de ce projet, ils ont choisi de reconvertir dans la musique. C’est ainsi qu’après une démo en 2006 et un EP en 2007, nous arrive ce premier disque qui propose un mélange entre hardcore et punk avec une touche de death métal et voire même de grind pour un résultat très rentre dedans et assez efficace.
Anorak est juste desservi par la production, qui met bien en valeur le chant, mais oublie un peu les guitares dont le son est étouffé par la batterie et la basse. Mais ce qui fait bien la force du groupe est sa capacité à instaurer une ambiance sombre et assez sinistre, avec des moments de légères accalmies, et cela donne à la musique toute sa force et son originalité. Sinon, le hardcore du combo reste relativement classique, en particulier au niveau du chant, hurlé et criard dans la grande tradition du style.
Cette volonté de nuancer le propos permet à des titres de sortir du lot. Nous penserons à "Some Skirts" et son break monstrueux, ou encore à "On A Plate", un des grands titres du disque. Son introduction lente et mélancolique lui donne en effet une force certaine avant que le chant hurlé n’entre en scène et n’ajoute une touche assez primaire qui colle très bien à l’atmosphère du titre. De plus l’enchaînement avec le titre "My Own Haze" est de grande qualité, assez groovy et mélodique pour mieux atterrir sur un titre assez violent, très death métal dans l’âme, en particulier au niveau des guitares. Le tout donne un résultat très fort et convaincant et assez technique dans sa deuxième partie.
Nous citerons également l'excellent "Kids Of God", titre assez classique avant qu’un break énorme ne vienne transporter l’auditeur dans une autre dimension. Le passage, tout en finesse avec une légère ligne de guitare très mélodique et quelques bruitages, est en effet d’une beauté noire et splendide. Nous retiendrons encore "Human Sponge Story" pour sa belle montée en puissance après un début encore assez sombre et mélancolique avec une basse bien en évidence, et cela même si le chant manque un peu de nuances sur la majeure partie du titre.
Anorak signe donc un très bon premier album, bien plus fin et varié qu’il n’y parait de prime abord. Il a su créer son univers musical propre avec une belle maîtrise technique et une grande intelligence de compositions. Il ne fait nul doute que le groupe peut rapidement frapper très fort s'il parvient à corriger les petits défauts qui restent ici et là, et s’imposer parmi les meilleurs de la scène hardcore.