Après un "Gang Des Saigneurs" des plus prometteurs, ATTENTAT ROCK semblait avoir tous les atouts en main pour percer sur la scène internationale : l’intégration d’un chanteur anglophone, Marc Quee, en remplacement de Didier Rochette, une signature chez Virgin qui lui assure une distribution dans onze pays différents (dont le Japon) mais également l’arrivée à maturation du groupe (très bonne chose si l’on se réfère à leur premier album). Malgré tous ces efforts, ce "Strike" ne réussira pas à imposer le groupe au niveau international. Même au sein de l’hexagone, où le disque bénéficiera pourtant d’une importante campagne de promotion, le résultat sera des plus mitigé.
L’arrivée de Marc Quee, un Suédois originaire d’Argentine, n’apporte pas grand chose par rapport à son prédécesseur. Pour faire simple, disons qu’il chante aussi bien en anglais que Didier Rochette chantait en français. Aussi le gain n’est pas flagrant si l’on s’affranchit du mirage de la carrière internationale. On pourrait même parler de régression, le groupe perdant un peu de personnalité en délaissant le français, se conformant en cela aux standards « Hard Rock classiques » de l’époque. Il en ressort un excès de sagesse qui a pour conséquence de moins bien faire vieillir ce disque que bon nombre d’autres album de la même époque.
Par ailleurs, si la maturité et le professionnalisme sont indéniablement bien plus présents que par le passé, on ne peut pas en dire autant de l’originalité, le groupe paraissant un peu timoré et emprunté au niveau des compositions, comme si l’importance accordé à cet album déterminant avait eu un effet paralysant sur ses membres. Les prises de risques et la spontanéité semblent avoir été remisées au placard et ATTENTAT ROCK se contente de nous proposer un bon album, très professionnel et interprété avec conviction et tranchant. Mais les compositions sont par trop inégales pour que l’on puisse crier au Chef d’œuvre propre à renverser le cours de l’histoire du Hard Rock.
Dans un style un peu plus policé que celui du "Gang Des Saigneurs", le groupe pratique un Heavy metal mélodique assez soft. Si à l’époque le niveau de la production et les performances techniques, notamment des guitaristes, avaient de quoi faire frémir le landerneau du Hard Rock français, de nos jours il est bien difficile de s’en émouvoir. Le disque s’écoute toutefois avec plaisir et procure même de très bons moments, comme "Forces Of The Dark" à l’intro survoltée et au refrain entrainant ou bien le dynamique "Sandy" agrémenté d’un superbe solo et surtout d’un final dont il faut espérer qu’il soit à prendre au second degré. De manière générale, les guitares sont efficaces et agressives et constituent indéniablement le point fort de ce disque. Il faut également noter une reprise assez réussie du "Rock ‘n Roll" de Gary Glitter. Chose curieuse, la même année, leurs collègues de PRESENCE reprendront le "Rock ‘n Roll" de LED ZEPPELIN.
Si ce disque n’est donc pas mauvais, avec plus de vingt années de recul, il souffre simplement d’un manque de personnalité, de folie, de ce petit plus qui lui aurait assuré le statut de disque culte.
* A noter que l’album a été réédité par Brennus avec trois inédits très intéressants. Tout d’abord deux titres live enregistrés en juillet 1985 : une reprise du "Breaking The Law" de JUDAS PRIEST, et surtout "Le Gang Des Saigneurs" tiré de leur second album du même nom et enfin, un vidéo clip du titre "Heavy Metal" filmé en studio.