Les deux précédents albums de Bloodbound n’avaient pas recueilli des commentaires dithyrambiques sur notre site. En effet, si l’énergie des suédois avait été saluée, l’absence d’originalité, la trop grande influence de la Vierge de Fer (surtout sur "Nosferatu") et les refrains jouant trop souvent la carte « Happy Metal » avaient refroidi les ardeurs de certains de mes collègues.
Deux ans plus tard, « Tabula Rasa » est soumis à l’esprit critique de notre bande. Les compatriotes d’Hammerfall vont-ils connaître cette fois-ci un meilleur sort ? Aura-t-il suffit de donner à ce troisième album un titre laissant à penser que nous sommes ici témoins d’une remise à plat (ne dit-on pas faire "table rase" – "Tabula Rasa" - du passé ?) pour que les imperfections d’antan aient été balayées ? Quels changements nous apporte cet hypothétique souffle nouveau ?
Hé bien pour commencer, les Suédois débarquent avec un nouvel ancien chanteur. En effet, Urban Breed, la Race Urbaine donc (…), revient épauler ses anciens partenaires qu’il avait quittés pour le second album. Ce frontman, appelé récemment par Pyramaze sur son troisième album ("Immortal"), apporte sans aucun doute, grâce à son énergie vocale, un atout conséquent au sein de cette formation où la puissance est toujours de mise. Les tournées en compagnie de leurs amis d’Hammerfall ont aguerri les damoiseaux et entendre aujourd’hui Joacim Cansson, l’homme qui tient le micro au sein de la "Chute du Marteau", avancer que si son groupe splittait c’était chez Bloodbound qu’il aimerait trouver refuge, ne surprend pas vraiment. Le Maître a parlé et ses goûts ne peuvent qu’être irréprochables, bien entendu.
« Tabula Rasa », qui est en fait, plus précisément, une thèse qui consiste à penser que notre personnalité se forge par nos expériences et n’est pas encrée en nous à la naissance, est un album truffé de mélodies enlevées à scander inlassablement et pas forcément en cotte de maille. En effet, nous ne sommes pas ici en présence d’un Heavy Métal Mélodique guerrier, ni cette fois face à un clonage d’Iron Maiden. Même la tendance « Happy Metal » en a pris un coup dans l’aile. Bloodbound qui a grandi, c’est indéniable, tente de s’approprier une marque de fabrique en s’éloignant de ses pairs (Manowar évoqué parfois également par le passé est bien loin). Toutefois, l’absence de courant d’inspiration étant une hérésie, nous pouvons tout de même noter ici que Pyramaze n’est vraiment pas loin, surtout celui de "Legend Of The Bone Carver" tout comme, pour les plus âgés (ou les plus informés) d’entre nous, le Grim Reaper des 80’s.
Tomas Olsson un des deux guitaristes du groupe et Urban Breed ont composé les dix titres de cet opus qui contient des perles à enfiler sans aucune hésitation sur votre collier tendance ‘‘heavy-hit’’ 2009. "Tabula Rasa" le titre éponyme (scindé étrangement en deux parties séparées par un seul morceau) dispose d’un refrain à sauter sur votre canapé tel un Marsupilami qui aurait avalé une brouette de pois sauteurs. "Dominion 5", par ses variations de rythme bluffantes (ça joue sérieux) et son refrain d’une beauté surprenante (ce d’autant qu’il est placé au milieu de sections très rentre-dedans), est un must dans le genre. "Take One", une fois de plus, est paré de mélodies qui vous apporteront, véritablement, du bonheur en barre lorsque vous les hurlerez (en silence car Madame dort) jusque tard dans les nuits estivales qui vous restent jusqu’à la rentrée des classes (…de l’art de casser l’ambiance…). Puisque Madame est réveillée (un ratage inévitable dans le contrôle des cris), profitez-en pour lui faire écouter "Night Touches You", normalement, ça devrait bien se passer, non pas que la guimauve soit à l’honneur, mais simplement car c’est tendrement heavy.
Bloodbound est un terme né au Moyen Age où les hommes faisaient le "serment du sang" en mélangeant le leur après s’être entaillé une main. Devenus "frères de sang", le lien ne pouvait être rompu, la légende voulant qu’il survive jusque dans l’au-delà. Je n’en suis pas à sortir le canif pour me lier à nos amis suédois aussi longtemps, mais il est certain que mes journées futures seront accompagnées de leur bienfaisante production.