Avec "No World Order", Gamma Ray présente son déjà septième album en à peine un peu plus de dix ans de carrière. Pour cet album, le groupe a trouvé un nouveau label, Metal Is, une nouvelle division de Sanctuary Records, la maison de disques de Rob Smallwood, le manager d’Iron Maiden. Le groupe a en partie fait ce choix pour gagner en visibilité tant son ancien label peinait à lui donner la diffusion qu’il méritait. Pour cet album, qui arrive très rapidement après "Powerplant" (1999) et la compilation "Blast From The Past" (2000), Gamma Ray garde le même line up, désormais très uni, et fait un peu évoluer sa musique, passant d’un speed métal mélodique assez entraînant à une musique plus heavy et power métal avec des influences de Judas Priest très exprimées, laissant un peu de côté son aspect fun au bénéfice d'un plus sérieux abordant le sujet des conspirations mondiales et des sociétés secrètes.
A la manière d’un "Somewhere Out In Space" qui avait eu du mal à succéder à un chef d’œuvre, "No World Order" souffre de la comparaison avec "Powerplant". Il comporte quelques longueurs et l’influence heavy est parfois un peu trop présente et assez mal digérée, certaines ressemblances avec Priest étant un peu trop flagrantes. Kai Hansen, qui compose 7 des 11 titres, a aussi un peu de mal à se renouveler. Il apparaît clairement que le disque a été fait assez rapidement au vu de quelques redites.
Néanmoins, il y a de bonnes choses, en particulier en début de disque, même s'il faut se faire au ton très rentre dedans des compositions. Après une introduction illustrant le thème de l’album, le rythme est particulièrement rapide avec un "Dethrone Tyranny" qui s’avère être très heavy, en particulier les guitares sur les couplets et les soli, avec de plus un rythme de batterie particulièrement rapide, mais avec une mélodie de refrain plus soft qui aère efficacement le morceau. Suit "The Heart Of The Unicorn", lui aussi très puissant avec un chant très rugueux, le tout sonnant très power métal, le refrain étant classique du groupe, efficace et facile à mémoriser. Ce bon début se conclut avec le plus soft "Heaven Or Hell" qui est sans conteste le meilleur titre de l'album. Il retrouve en effet une voie plus mélodique et mid-tempo, avec une mélodie efficace et entraînante, et un refrain énorme.
Ensuite, le disque alterne le banal, le moyen et le réchauffé avec "New World Order", de bonne qualité et très efficace, mais qui rappelle trop Judas Priest, des mélodies de guitare au refrain en passant par le chant sur les couplets. Voilà qui gâche l’écoute tant les ressemblances sont frappantes. C’est également le cas d’un "Solid" certes efficace, mais lui aussi trop inspiré du combo britannique sur les couplets et la mélodie principale. Seul le refrain puissant et épique sauve l’entreprise. D'autre part, des titres comme "Damn The Machine" ou "Fire Below" sont très banals. La premier ne décolle jamais et manque cruellement de mélodie, alors que le second sonne comme une face B réalisée à la va-vite. Enfin un titre comme "Eagle" sonne comme du réchauffé avec son refrain directement repris du titre "Somewhere Out In Space". Au milieu de tout cela, nous sauverons juste un sympathique "Follow Me" qui retrouve de l’inspiration dans un style purement Gamma Ray avec un chant de qualité, posé et épique sur le refrain. Voilà un titre qui fait du bien en cette fin d'album.
Le bilan est donc au final assez moyen. Le groupe peine clairement à trouver l’inspiration, le disque étant juste sauvé par quelques bons titres. De plus la pochette est cette fois-ci assez ratée, reprenant juste les thèmes habituels du groupe mais sans la classe que pouvait apporter un Derek Riggs. Il nous reste à souhaiter que ce disque ne soit qu'un simple passage à vide dans la carrière de Gamma Ray.