Udo Dirkschneider n'est pas particulièrement un paresseux. Après avoir commencé à jouer en groupe à l'âge de 16 ans, il forme rapidement Accept (groupe qui ne mettra pas moins de 8 ans avant de pouvoir enregistrer son premier album en 1979). Depuis, entre Accept qu'il quitte en 1987 et son projet solo (UDO), ce n'est pas moins de 22 albums que le monsieur affiche à son palmarès. En 2009, soit quarante ans après les débuts de la carrière du chanteur, il est possible de se demander ce que va bien pouvoir apporter un énième opus. Réponse: rien du tout. Cet album n'apporte rien. Pas de contre-pied, prise de risque minimale, linéarité et tous leurs joyeux synonymes sont au rendez-vous pour nous proposer une illustration parfaite du pilotage automatique.
Mais prenons au début pour qui ne connaît pas le gaillard. Udo nous propose ici un heavy teuton bien calibré. La recette est simple: des riffs carrés et puissants permettent de poser la voix du frontman qui reste toujours aussi particulière (comprenez 'toujours aussi nasillarde') mais très efficace. Chaque titre est d'ailleurs chanté avec conviction (ou quelque chose de ce genre, le change est donné en tout cas). Et sur ces bases ? Rien. Allez, des soli pour les chanceux, mais guère plus. Certains riffs retiennent l'attention ('Speed Demon') et certains refrains sont rapidement mémorisable (le meilleur exemple étant l'entêtant 'Heavy Metal Heaven').
La démarche, la lassitude au bout d'une écoute, l'absence totale de prise de risque donnent envie d'allumer le truc à vue et de ne rien lui passer. Seulement ce n'est pas aussi simple. Dans son genre ultra calibré, Udo nous propose un niveau standard. Quelques originalités viennent même jouer les contre-exemples à la recette que j'ai exposée au-dessus. Le solo de 'Stillness Of Time', limpide, brillant, déroutant, mériterait presque à lui tout seul l'achat. Sur 'Devil's Rendez-Vous', le ton devient groovy et bondissant pour un moment d'agréable surprise. Enfin la ballade finale n'est pas si ratée avec ses chœurs fervents et surtout son solo dégoulinant (en fait, je ne vais pas vous mentir: les soli sont tous bons).
Mais maintenant je me tourne vers vous, lecteurs. Vous ne vous mouillez pas trop, si ? Alors je ne relancerais pas le débat de la nécessité ou non de l'innovation dans la musique (surtout dans un domaine aussi statique que le heavy teuton) et je vais vous laisser choisir. Si vous considérez qu'entendre dix fois le même album n'a aucune importance tant qu'il est bon, alors vous pouvez ajouter deux points à la note. Si, comme moi, vous savez que le disque n'a que très peu de chances de faire long feu dans la platine, alors vous savez ce qu'il vous reste à ne pas faire.