Après la sortie en 2005 d'un Facing the sunset un peu décevant - surtout au niveau de la réalisation technique - les Hollandais de Mangrove ont enregistré live en 2006 un double CD plutôt encourageant. C'est donc avec beaucoup d'espoir que je me suis penché sur leur nouvel opus pour découvrir ce qu'il y a "Au-delà de la réalité"....
Si la Hollande n'est pas, comme l'affirmait un stupide slogan publicitaire l'autre pays du fromage, elle est par contre un grand terroir pour le néo-prog symphonique puisqu'elle nous a déjà donné Egdon Heath, Flamborough Head, For Absent Friends, Kayak, Knight Area ou encore Us (pour ne citer que quelques uns d'entre eux). Reste aux membres de Mangrove à prouver qu'ils font partie des grands en ramenant "leur batave jusqu'en pleine lumière", comme le disait le grand Jacques !!
Beyond reality débute par un cauchemar de plus de 14" ("Daydreammer's nightmare"), mais, soyez rassurés, ce mauvais rêve n'est que dans le titre et son écoute est loin d'être une torture. Mangrove nous sert une composition apéritive des plus digestes : mélodique, symphonique et sans aucune connotation angoissante. La musique des Hollandais, même si elle utilise les poncifs du rock néo-progressif, est pour le moins agréable à écouter. Riche en synthés, elle semble souvent puiser son inspiration du coté de chez Banks, mais avec des sonorités plus modernes.
Sur les six titres, trois dépassent les 14 minutes (18"30 pour "Time will tell") et un ("Beyond Reality") dure plus de 9 minutes. Pour autant, on se laisse aisément transporter par les mélodies et les vocaux qui deviennent rapidement familiers. Il règne un bon équilibre instrumental sur l'ensemble du disque avec juste ce qu'il faut de soli de guitare, sans débordement envahissant, et des envolées de synthé très sages. La richesse est dans la complémentarité sans compétition, créant une ambiance symphonique puissante. Il suffit pour s'en persuader d'écouter le titre éponyme ou le bel instrumental "Reality Fades".
Il n'y a guère que le troisième titre ("Love and beyond") qui, avec son format ballade sentimentale, détonne un peu alors que la sixième et ultime plage, "Voyager", qui dure près de 15 minutes, est une véritable perle du prog qui justifierait à elle seule l'achat de cette album. Il y a sur cette compo tout ce que j'aime dans le néo : des vocaux accrocheurs, des montées et descentes de clavier très fugue de Bach, de l'orgue d'église, de la guitare qui pleure ... C'est en outre le morceau le plus punchy de l'album.
Avec ce Beyond reality, Mangrove ne révolutionne pas le genre, mais arrive quand même à surprendre l'auditeur et je vous conseille d'y prêter une oreille attentive. Il figurera sans doute dans mon top 10 ou 15 pour 2009.