Le radiesthésiste :
- Petit chroniqueur, tu es en possession d’un disque d’une ‘‘All Star Band’’, alors ne soit pas effrayé par la pochette ringarde que tu tiens entre tes mains usées par tant de chroniques. Sois confiant…détend toi…garde toute ton attention sur ce pendule…voilà, tu te sens bien, relaxé…écoute les merveilleux sons à venir, je le veux…et tu te réveilleras à mon claquement de doigts…
Le chroniqueur :
(il rêve)
Je vois…je vois Anders Johansson, le frère de Jens (Stratovarius), qui fit partie de la bande à Malmsteen dans les années 80 et qui matraque aujourd’hui sa batterie chez Hammerfall, rencontrer dans un bar de Malmoe Goran Edman ex-vocaliste chez le même astiqueur de manches mais dix ans plus tard. Ils boivent une mousse à la santé d’Yngwie. A leurs côtés, j’aperçois également Per Stadin et je me souviens qu’il tâtait de la basse au sein de Silver Mountain dans les 80’s. A sa droite, on trouve Mats Olausson qui fût un des fondateurs d’Ark avec Jorn Lande, je me rappelle qu’il en était le claviériste. Un inconnu est parmi eux, il semble souhaiter les réunir au sein d’un projet, je crois comprendre le nom de code de ce dernier : Geff. Les musiciens sont visiblement ravis de cette idée, ce qui met en joie l’inconnu. D’ailleurs celui-ci sort son portefeuille et paye la tournée, j’ai le temps de lire sur sa pièce d’identité son nom, il s’appelle Ralf Jedestedt. Ils lèvent leur verre en un bel ensemble en lançant vers les cieux un tonitruant « This is the Land of Free » !
Je plane maintenant tel un aigle (celui de la pochette). Je survole des rivages rocheux puis une terre aride. Soudain, là, tout en bas, je distingue une bâtisse, je m’en approche prudemment, il faut dire que les sons qui s’en échappent semblent dissonants. Je descends encore et je me dois bien de constater qu’il n’en est rien. La musique qui filtre à travers les murs est bel et bien mélodieuse. Les mêmes hommes sont là. Autour d’une table de mixage, ils dissertent tout en écoutant une œuvre dont ils semblent être fiers. Perché sur le bord d’une des fenêtres de ce que désormais je reconnais être un studio d’enregistrement, je tends l’oreille.
Dix morceaux se succèdent alors, les hommes ne font aucun commentaire, ils se contentent simplement d’énumérer les titres de chacun d’entre eux.
Je reconnais quelques influences musicales au fil des écoutes. Le rentre-dedans « Xtacy » et le plus posé mais mélodieux « Land of the Free » (quelles parties de guitare/synthé !) me font penser aux riffs de Black Sabbath période Tony Martin et à du Rainbow période « Straight Between the Eyes » pour la mélodie. « Mr Cain », excellente balade, aurait assurément trouvé sa place dans le « Use your Illusion » des Guns N' Roses tant la ressemblance à tous points de vue est frappante. Glen Hughes et son approche Funk/Soul du Hard Rock n’est pas loin non plus, notamment sur « Innervations », « Pennywise And Pound Foolish » et « Fruits of Life ». Ici la qualité mélodique n’est toutefois malheureusement pas marquante sauf sur « Living Generation » qui abandonne l’influence de Hughes sur le refrain pour sonner sympathiquement FM. Le rayon Hard Mélodique n’est pas non plus dépourvu de matériel avec « Crusaders » doté a contrario de réjouissantes lignes mélodiques, de délicieuses ruptures de tempo et d’une envolée de synthé/guitare tonitruante.
Je peux désormais rejoindre à nouveaux les cieux, j’ai pu parcourir le premier album de cette nouvelle ‘‘All Star Band’’. Mes ailes brassent l’air ambiant dans un silence délicieux, leur ample mouvement silencieux m’apporte une sérénité voluptueuse, quasi onirique. Aucun son ne vient perturber cette quiétude sauf à présent ce léger claquement agaçant…il est plus appuyé désormais…je quitte ces moments de plénitude avec regret et j’ouvre alors les yeux…
…face à moi, un pendule qui achève son mouvement lancinant et derrière celui-ci (fin des claquements de doigts)…
Le radiesthésiste :
- Alors petit chroniqueur, que ramènes-tu de ton voyage dans l’inconscient ?
Le chroniqueur :
- Une chronique pardi ! Merci toubib, j’ai désormais un avis sur ce « Land of the Free » de Geff. Voilà donc un album qui réserve de bons moments sans révolutionner le genre, mais qui laisse d’amers regrets à l’écoute, parfois ennuyeuse, des morceaux relativement insipides teintés Hughes. L’impression d’un certain fourre-tout reste toutefois désagréablement présente. Cette dispersion peut s’expliquer du fait des traces laissées chez les musiciens durant leur passage par les nombreux combos au sein desquels ils ont œuvré. Le potentiel est là toutefois, ce groupe semble posséder les qualités essentielles à un bon groupe de Hard Mélodique, un bagage technique indéniable (bien qu’il semble ici quelque peu sous-exploité) et un savoir-faire dans la recherche de la mélodie marquante.
Hé Doc, vous me laissez votre pendule ? Je vais tenter d’influencer l’auteur de la pochette histoire de lui faire comprendre que le pinceau fin, c’est mieux que la truelle !