Après 5 albums dont un live, Trey Gunn nous propose un parcours global de son travail en solo par le biais de cette compilation. Il nous est ainsi permis de juger de l'aisance du musicien sur la Warr Guitar, son instrument de prédilection, et de constater des influences peu surprenantes en regard du passé du personnage.
Le premier intérêt d'une compilation étant d'offrir au néophyte la possibilité de découvrir toute l'œuvre d'un artiste sans obligation de se procurer toute la discographie, on peut dire que l'exercice est sur ce plan réussi, dans le sens où je suis satisfait de ce que j'ai découvert et dans le même temps bien heureux de ne pas avoir déboursé une centaine d'euros pour 5 albums.
En particulier, la première chose qui m'a frappé personnellement est l'impossibilité de déceler la présence d'une Warr Guitar dans cet album. Peut-être un bassiste ou un guitariste professionnel y arriverait-il mais il faudrait alors m'expliquer comment.
Mais rappelons ce qu'est la Warr Guitar : il s'agit d'une guitare qui regroupe sur le même manche les cordes d'une guitare et celles d'une basse. Evidemment, l'intérêt d'un tel instrument est grand pour le musicien qui le manipule dans le sens où cela lui permet d'avoir à la fois l'approche rythmique et harmonique, approches limitées pour chacun de ces deux instruments pris indépendamment l'un de l'autre. La maîtrise de Trey Gunn force l'admiration mais pour l'auditeur, il est clair que la différence est tout ce qu'il y a de minime.
Faisant fi des discours de technicien, le mélomane s'intéressera plus au travail musical proprement dit et son avis sera fortement dépendant de ses attentes sur ce sujet. Trey Gunn est depuis plusieurs années l'un des musiciens de King Crimson et le moins que l'on puisse dire est que cela s'entend. Cette compilation montre non seulement qu'il se contente de faire du King Crimson, mais en plus sans y ajouter la moindre once d'originalité à l'image d'un After Crying ni même d'évoluer dans le temps. La seule petite différence décelable réside dans le fait que toutes les compositions sont des instrumentaux, les voix n'intervenant qu'extrêmement rarement et plutôt dans un cadre pseudo-narratif que réellement mélodique.
Bénéficiant d'une production professionnelle sans failles, les compositions lient des sonorités ethniques à des instruments typiquement rocks, utilisant même le fameux barrissement d'Elephant Talk, ce qui n'aide pas à se défaire de l'image crimsonienne. Les rythmiques sont très travaillées, privilégient les ambiances bancales au groove et les harmonies sont parfois à la limite de la dissonance sans jamais tomber dans l'inaccessible.
Untune The Sky est donc un album certes intéressant mais qui n'apportera pas grand chose de nouveau à votre culture personnelle si vous êtes déjà expert dans le domaine du rock progressif à tendance expérimentale. Tous les éléments de ce genre y apparaissent. En revanche, si vous ne connaissez que du rock progressif les groupes plutôt mélodiques tels Arena ou Marillion, cet opus vous ouvrira à la découverte en douceur de nouveaux horizons expérimentaux.