Pour la première fois depuis « Steelbath Suicide » datant de 1998, Soilwork déroge au rythme effréné d’une sortie par an. C’est ainsi que « Stabbing the Drama » apparaît dans les bacs en 2005, soit deux années après « Figure Number Five ».
Si on pouvait penser que l’évènement résidait dans le line-up avec l’intronisation du français Dirk Verbeuren (Scarve) derrière les fûts ou encore la présence de Daniel Bergstrand à la production, la réelle surprise se situe au niveau du contenu musical. Pour l’occasion, Soilwork sort du mélodeath initié depuis « A Predator’s Portrait » en nous proposant un album reprenant les gimmicks des groupe metalcore. Si la nuance entre les deux styles est imperceptible pour tout néophyte en la matière, l’évolution est malgré tout belle et bien réelle. Entre la batterie métronomique et explosive de Dirk Verbeuren, des riffs plus syncopés et agressifs que jamais au détriment de soli moins présents, il n’y a pas de doute, « Stabbing the Drama » est un album direct qui s’inspire du metalcore comme peut le suggérer la pochette épurée voire simpliste loin des artworks inquiétants et recherchés des derniers opus.
Si l’évolution est notable et se doit d’être saluée à sa juste valeur après un « Figure Number Five » qui commençait à montrer des signes de fatigue, il n’en demeure pas moins que le combo reproduit les écueils des précédents opus en entrant de nouveau dans un cercle vicieux… Ce sentiment est d’autant plus fort sur cet album que le groupe propose des compos aux riffs très linéaires. A cet égard, un titre comme « Nerve » regroupe en son sein tous les reproches que l’on pourrait faire à ce « Stabbing the Drama » : riff syncopé un brin répétitif voire mécanique, refrain clair que l’on voit venir à des kilomètres…
Cependant hormis ce défaut propre au genre, on se laisse prendre au jeu que les suédois veulent nous faire jouer et comment peut-il en être autrement au contact de l’entame surpuissante « Stabbing the Drama »/« One with the Flies », des ultra-speed « Blind Eye Halo », « Stalemate » (au refrain qui gâche un brin le tout) rappelant le Soilwork des débuts ou encore le monumental « The Crest Fallen » véritable tuerie avec ses multiples breaks enchaînant sur des blast-beats surpuissants !
Avec ce type d’opus direct, l’ambition de Soilwork était bel et bien de viser le marché américain. Malheureusement, ce dessein couplé à l’initiative de renouveler son contenu ne seront pas couronnés du succès escompté. Au contraire, la démarche aura été considérée comme l’affront de trop fait aux fans de la première heure -sachant que certains avaient déjà eu du mal à accepter l’évolution vers un death hyper mélodique - ce qui expliquera vraisemblablement le retour en arrière sur l’opus suivant.