Aujourd’hui, lorsque l'on évoque le métal extrême à la française, le premier groupe qui vient naturellement à l’esprit, notamment à l’étranger, est Gojira. Mais c’est bien vite oublier qu’à l’aube de ce nouveau millénaire, un combo tout droit venu de Nancy a contribué à ce que le métal hexagonal soit reconnu à travers le monde. Scarve, puisque c’est de lui dont il s’agit, fut fondé en 1993. Déjà auteur d’une démo et d’un EP, c’est avec le premier album "Translucence", véritable point de départ de son histoire, que le combo jette les bases de la recette estampillée Scarve qui atteindra son apogée sur les monumentaux "Luminiferous" et "Irradiant".
L’approche musicale des nancéens consiste en un mur de son death métal moderne et complexe, qui contraste avec des passages ambiants voire mélancoliques (comme le final typé Opeth de "The Seed Unsown"), mais qui est surtout marqué par les refrains clairs mélodiques chantés par Guillaume Bideau. A cet égard, nous retiendrons le titre éponyme… de l’album suivant, "Luminiferous", aux riffs poly-rythmiques oppressants, entretenus par la batterie foudroyante de Dirk Verbeuren, sur lesquels se greffent, tantôt les soli vertigineux de technicité de Sylvain Coudret et Patrick Martin, tantôt les refrains mélodiques de Guillaume Bideau, véritable bouffée d’oxygène dans le chaos musical ambiant.
A l’instar de Meshuggah, l’asphyxie instrumentale peut s’avérer être assez difficilement digestible tant l’agression est permanente, mais les adeptes du genre sauront apprécier à sa juste valeur le caractère avant-gardiste de la démarche de Scarve, en associant mélodicité à cet ensemble anarchique. Pour finir de prouver que le sextet est, sans aucun doute possible, un combo de talent, il se permet la reprise de "Friends" de Led Zeppelin. Et là où beaucoup se contente de muscler des classiques Rock, les nancéens s’approprient totalement le titre au point qu’il sonne définitivement... Scarve !
A noter que la production impeccable signée Daniel Bergstrand (Meshuggah, Strapping Young Lad, Devin Townsend, In Flames, Soilwork….) est pour beaucoup dans la sensation de suffocation ambiante qui nous étreint, tout en sublimant les vocaux mélodiques lors des refrains. Mais il faudra attendre les deux ans qui séparent cet album de la prochaine livraison pour que la recette Scarve arrive à maturation et ainsi mieux exploser à la face du « grand » public médusé !