Sous les effets combinés de la promotion efficace de Listenable et du bouche à oreille suite à la sortie du très réussi et acclamé "Luminiferous", "Irradiant" marque l’apogée de la carrière de Scarve. La renommée du combo est telle que ce troisième album enregistre la présence de guests prestigieux comme Gustaf Jorde (Defleshed), mais surtout Fredrik Thordendal (Meshuggah), véritable référence en termes de métal extrême moderne.
Pour cette nouvelle livraison, et à l’instar d’un Soilwork, Scarve poursuit l’épuration de son chaos musical en le rendant plus direct et en faisant de "Irradiant" un album à l'image de son visuel, plus futuriste, plus efficace et surtout plus accessible que ses prédécesseurs. Et cette évolution est perceptible dès les premières notes de l’introductif "Mirthless Perspectives" ou du tubesque "Irradiant". Tubesque dans le sens où le refrain reste gravé dans votre mémoire tel le sparadrap récalcitrant qui colle au doigt du Capitaine Haddock dans « Vol 714 pour Sidney ». Mais, même plus aérienne, tel le vol du supersonique C160 dans lequel voyage Tintin, la musique de Scarve reste toujours aussi brutale comme en témoignent les titanesques "An Emptier Void" ou "Molten Scars" sur lequel officie Gustaf Jorde au chant.
Au titre des énumérations, nous ne pourrons pas passer sous silence "Axphyxiate", au titre on ne peut plus équivoque, qui vaut surtout par le solo d’anthologie de Fredrik Thordendal. Comme il ne faut pas oublier de mentionner la richesse hallucinante de morceaux tels que "Hyper Conscience", "The Perfect Disaster", ainsi que le final apocalyptique "Boiling Calm".
En bref, "Irradiant" marque l’aboutissement de la démarche artistique de Scarve que l’on pourrait résumer comme étant le choc du chaos d’un Meshuggah futuriste et des refrains hyper mélodiques d’un Linkin Park. Mais de façon assez contradictoire, cet album marque le début de la fin annoncée de Scarve. Rançon de cette gloire, l’initiateur de ce projet, le phénoménal Dirk Verbeuren, intégrera les rangs de Soilwork, rejoint quelques années plus tard par Sylvain Coudret. Et même si le batteur tentaculaire continue d’officier chez Scarve, cette émancipation donnera des idées aux autres, et notamment Guillaume Bideau (se sentant peut-être à l’étroit dans le rôle de monsieur refrain clair) qui quittera le groupe pour rejoindre Mnemic et développer ses projets parallèles (dont le plus connu One Way Mirror).