Perceval est parmi nous ! Mais non, bande de béotiens que vous êtes, il ne s’agit pas de l’acolyte gaffeur, inapte et inepte de la série Kaamelott ; il n’est pas plus question du “festival scénique sacré” de Richard Wagner. Nous parlons ici du groupe de rock progressif allemand récemment formé ... Inconnu ? Pas tout à fait : Music Waves, dans son incommensurable mansuétude, se fait un plaisir de vous renseigner... Si le nom du groupe, Parzivals Eye, vous est inconnu, sa composition, en accumulant les noms célèbres, va vous faire saliver par avance, petits gourmands que vous êtes...
A la base du projet, on retrouve le bassiste de RPWL, Chris Postl, qui conserve avec lui son acolyte Yogi Lang aux claviers. En grand amateur d’Alan Parsons Project, il s’est adjoint les services de Ian Bairnson à la guitare (et son son n’a pas changé d’un iota : cf le titre d’ouverture !). On retrouve également la chanteuse de Magenta, Christina Booth, et le vocaliste de Pallas, j’ai nommé Alan Reed (décidément très courtisé ces derniers temps, voyez le She de Clive Nolan). Les autres membres sont moins connus, mais nous pouvons gager qu’au sein d’un tel environnement, leur travail sera de qualité ...
Pas de surprise concernant le style : Chris Postl co-compose avec RPWL depuis World Through My Eyes, et a bien retenu les enseigements du groupe. La mélodie est constamment placée en avant, ce qui fait de Fragments un opus très aisément écoutable, et rapidement addictif. L’utilisation de plusieurs chanteurs (Christina, Chris et Alan), à la façon d’Alan Parsons’ Project, permet de varier les ambiances... Bon point également pour l’excellente utilisation des chœurs (Where Have Your Flowers Gone, entre autres).
Cà et là, des réminiscences d’influences célèbres se font sentir. Outre APP déja cité (particulièrement proche dans Disguise), nous noterons des touches de Steve Hackett (Longings End, Skylights), voire de Mike Rutherford (la fin de Face My Fear), et même d’Arena... La section centrale de Fragments, avec sa rythmique appuyée, rappelle sensiblement Skin Game dans Contagion !
Côté technique il n'y a pas grand chose à dire, le placement des musiciens est excellent, et les vocalistes rivalisent chacun dans leur registre : sans fioritures pour Chris, joliment sensible pour Christina (Chicago, jolie ballade), et habité pour Alan même si les détracteurs trouveront ses aigüs un peu tendus. Un petit coup de cœur pour le solo de guitare d’Ossi Schaller dans Fragments, et un léger bémol pour la batterie que j’ai trouvée peut-être un peu sage.
Alors, bien sûr, Chris Postl ne révolutionne pas le rock progressif tendance “néo” avec ce Fragments. Mais avec des morceaux aussi excellemment conçus que Longings End, Fragments et Another Day (ce dernier titre interprété par RPWL), et le reste des pistes certes moins progressives mais très attachantes (à part peut être le naïf Through Your Mind), l’auditeur tient ici un disque plus que recommandable. A l’image d’un Mike Rutherford s’émancipant de Genesis dans Smallcreep’s Day, Chris Postl nous livre un opus certes sous influence, mais très maîtrisé, où les mélodies ont la place d’honneur. Bien joué !