A l'heure où la musicienne s'apprête à se rappeler à notre bon (du moins on l'espère) souvenir en livrant un nouvel opus, "Wicked Wonderland" à l'automne, il semble bon de rappeler aux plus jeunes que Lita Ford fut, au même titre que Doro, Lee Aaron ou Joan Jett, l'une des Metal Queens des années 80. Une pionnière également puisqu'elle débuta avec le groupe punk féminin les Runaways (où sévissait d'ailleurs aussi la panthère Joan Jett), puis se lança dès 1979 dans une carrière solo.
Mais contrairement à bien des chanteuses d'aujourd'hui, qui ont investi depuis une quinzaine d'années notre monde musical et qui ne sont souvent que l' empreinte vocale voire la vitrine du groupe dont elle incarne l'identité, les reines des eighties étaient bien plus que cela. Elles étaient surtout des artistes à part entière et avaient généralement des caractères bien trempés. Lita Ford possède, qui plus est, une autre corde à son arc : elle est aussi guitariste. Et sans pouvoir se vanter d'être un guitar-hero avec une paire de seins, à l'image d'une Jennifer Batten, l'ex-épouse de Tony Iommi (entre autres) s'y entend pour décocher des riffs bien sentis.
"Out For Blood" constitue la première pierre de son édifice en solitaire. S'il ne s'agit pas de son disque le plus réussi, il aligne cependant une poignée de compostions tout à fait solides et intéressantes. Sa pochette illustre parfaitement à la fois l'image que cherche à offrir d'elle même la blonde, mais aussi le contenu dont il est l'écrin. Moulée dans une combinaison toute de cuir et résilles, la belle s'affiche avec sa guitare BC Rich. Tout est dit ! Sur cette rondelle, la chatte sort ses griffes, secondée par Neil Merryweather à la basse (il s'est aussi chargé de la prise de son) et du batteur Dusty Watson.
Bâties sur des refrains accrocheurs ("If You Can't Live With Me", "I Can't Stand It" par exemple), ces dix chansons montrent la face "heavy" (tout est relatif quand même...) de Lita Ford avant que celle-ci, à partir de son troisième album, le bien nommé "Lita", ne commence à se farder d'un fond de teint plus soft, plus FM. Ainsi, "Out For Blood" déverse des soli saignants, comme en témoignent les très bons "On The Run" et ses attaques électriques, "Out For Blood" ou "Die For Me Only (Black Widow)". Ceci dit, certains titres cachent toutefois déjà des signes de cette évolution future, tels que l'entêtant "Stay With Me Baby" ou "Any Way That You Want Me". Paradoxalement, c'est la power-ballad "Just A Feeling" qui emporte le plus l'adhésion, pause touchante qui permet à Lita de faire parler l'émotion.
Une honnête carte de visite en définitive, mais la belle fera bien mieux par la suite et ce, dès le disque suivant: "Dancin' On The Edge".