Dire que "Sworn To A Great Divide" était attendu est un euphémisme. D’autant plus attendu que deux ans après le très (trop ?) controversé "Stabbing The Drama", Peter Wichers décide de quitter le navire Soilwork. Las d’essuyer les reproches de certains fans de la première heure pour qui « c’était mieux avant ! », le guitariste fondateur décide de ne plus se consacrer qu’à la production. C’est donc sous des auspices les plus sombres que s’annonce ce septième opus des Suédois.
Mais à grand renfort de déclarations dans les médias et histoire de rassurer sa base de fans, le combo garantit un retour aux sources (du moins celle de l’époque "Natural Born Chaos") et la nouvelle collaboration avec Devin Townsend (pour la partie chant uniquement) abonde dans ce sens. Le résultat de ces assertions tapageuses est vérifié sur… deux titres, mais quels titres ! "As The Sleeper Awakes" mais surtout le thrashy assassin "The Pittsburgh Syndrome" figurent au panthéon des meilleurs morceaux que le groupe a composé depuis ses origines ! Pour le reste, les Suédois nous balancent des compos catchy et entêtantes dont ils ont le secret, entre mélodeath et metalcore, comme en témoignent la fulgurante introduction éponyme ou bien encore "Breeding Thorns".
Au rayon effectif, Daniel Antonsson (Dimension Zero), auquel a été dévolu le rôle de remplacer Peter Witchers, assure la transition avec talent et son duo avec tonton Ola Frenning soutient la comparaison avec le précédent sans rougir. Dirk explose les fûts de façon bionique comme à son habitude. Les nappes de clavier de Sven Karlson sont plus que jamais omniprésentes… Mais c’est surtout Björn qui éclabousse cet opus de toute sa classe. La prestation de ce dernier, dans la lignée de ses précédentes, est en perpétuelle amélioration. Une nouvelle fois aidé par Devin Townsend, le résultat est bluffant comme en témoigne la palette d’émotions transmises sur "20 More Miles", titre final qui n’est pas des plus emballant, mais qui mérite que l’on s’attarde dessus pour la prestation vocale. Il en ressort qu’en ces périodes de troubles d’effectifs, le chanteur devient le pilier, le maillon fort de Soilwork. Qu’il est loin le temps du Björn uniquement braillard des débuts !
Avec "Sworn To A Great Divide", le combo a clairement souhaité ne pas se défaire de sa base de fans constituée au gré des six premiers albums. Mais à trop vouloir satisfaire les désidératas de ces derniers, Soilwork fait désormais du surplace, tiraillé entre la volonté d’évoluer et le besoin de revenir aux fondamentaux qui ont fait son succès. Le résultat est un album que l’on peut qualifier de transitoire… Mais quelle transition ! Car sorti de la discographie de Soilwork, figure emblématique du mélodeath, cet album serait encensé à sa juste valeur ! Qui aime bien, châtie (trop ?) bien !