Le speed métal mélodique (ou spimélo pour les intimes) est un genre par essence assez balisé. Les mêmes recettes sont resservies inlassablement depuis Helloween et Stratovarius (respectivement pionniers en speed mélo et sympho). Du coup, puisqu'il est improbable de surprendre par la recette (n'est pas Nightwish qui veut), c'est sur les ingrédients qu'une production sortira ou non du lot.
Je m'explique : ce nouvel Axxis, groupe germanique remarqué pour sa productivité et sa constance par rapport au reste de la scène, n'apporte strictement rien. Il aurait pu sortir en 2000, 2001, etc... jusqu'à 2009 sans que cela ne change rien. Prise de risque zéro. Par rapport à leur carrière d'une part - où les plus ou moins récentes inclusions d'influences symphoniques sont toujours présentes, mais sans bouleverser des schémas éprouvés - et par rapport à la scène d'autre part, dans la mesure où le groupe fait preuve de ce que j'appellerais, selon mon humeur, de l'humilité ou un manque d'ambition. Notons tout de même par honnêteté de légers growls sur 'The Monster Crawl' dont l'effet est trop mitigé pour être marquant.
Les ingrédients sont donc les mêmes, et la présentation également : après d'éventuelles intro symphoniques (en carton), des riffs déboulent pour installer des mélodies imparables et claquantes (en option, le thème entêtant au clavier par dessus le riff: 'For You I Will Die, 'Underworld', 'Monster Crawl'...). L'auditeur retrouvera fréquemment des breaks inattendus qui viennent briser le temps d'une mesure des tempi globalement très linéaires. Pour observer des ralentissements conséquents il faut attendre les inévitables ballades (ici, 'Father's Eyes') dont les refrains pourraient être sympathiques s'ils n'étaient pas doublés d'une multitude de chœurs et d'une ligne de clavier qui vient pertinemment se calquer sur chaque note de la ligne de chant. Il est d'ailleurs marrant de constater que depuis 20 ans, les groupes de métal mélo s'acharnent à nous pondre des ballades que personne ne supporte et qui ne leur apportent pas le moindre public, mais passons.
Heureusement, le gastronome que vous êtes sans doute sera rassuré de savoir que les ingrédients présentés, à défauts d'être agencés de manière originale, possèdent de bons atouts intrinsèques. En effet, l'ensemble des mélodies sont réussies : les refrains restent en tête, les riffs envoient du paté correct, et chaque intervention soliste à la guitare déploie des efforts non négligeables d'inspiration. Le chant de Bernhard Weiß (oui, ils sont allemands) possède un timbre sympathique qui assure une écoute globalement plutôt agréable.
Vous ne m'en voudrez donc pas de ne pas sauter de joie devant un album qui ressemble à mille autres. D'autant plus qu'Axxis a largement les moyens de surprendre son public. Néanmoins, il vient enfoncer le clou et confirmer la belle application avec laquelle se groupe se prête au jeu du spimélo. "Utopia" restera dans ma mémoire comme un autre bon album d'Axxis qui confirme le talent et la fainéantise de ce groupe.