The Vital Might est un trio américain qui, après avoir sorti Red Planet à compte d’auteur en novembre 2008, profite de sa toute récente signature chez 10T Records pour nous offrir une version remastérisée de ce second album. Si la formule musicale choisie par le groupe reste assez simple – des morceaux courts, relativement immédiats, naviguant entre rock incisif et pop lumineuse –, le disque nous réserve néanmoins quelques belles surprises.
Car malgré un format taillé pour les radios, la plupart des titres proposent une diversité appréciable, en premier lieu au niveau du chant et de la basse. The Vital Might compte deux chanteurs, qui apportent ainsi une réelle richesse, à l’instar des arrangements choraux dans Trouble, morceau à l’énergie très rock rehaussé de passages plus calmes investis d’une belle ampleur sonore.
Phantom Spaceman présente en ouverture de l’album la même puissance, la guitare d’Andy Milk jouant sur une alternance réussie de riffs ravageurs, d’arpèges popisants et de soli aériens, tandis que Rick Gauthier nous assène des lignes de basse ronflantes et mélodiques. Evan Kramer n’est pas en reste et se donne lui aussi à fond, tout comme sur Trouble d’ailleurs. Mais c’est aussi et surtout le bassiste qui retient l’attention tout au long de l’album, capable de donner une coloration purement funky au titre très pop The Truth, d’amener l’excellent et varié The Greatest Man vers un hard-rock endiablé, ou de rendre intéressante la rythmique un poil répétitive de l’instrumental post-rock Chime.
Certains morceaux n’appellent pas le même intérêt : City, baignant dans une douceur ouaté et évoquant un Radiohead (trop) apaisé, ne tient pas ses promesses malgré une belle prestation vocale, et Saturday développe des mélodies trop convenues pour être convaincantes. Leur seront préférés le reposant instrumental Seasons, partition aérienne tout en retenue lorgnant explicitement vers le post-rock, Superstitious Wish, qui présente dans sa première partie une alternance entre phrasés funky et arpèges pop avant d’exploser dans une seconde partie univoquement métal fusion, et surtout l’incroyable 5 O’Clock, pièce maîtresse de cet album. Le morceau s’ouvre (et se referme) sur une ballade portée par la voix lumineuse du chanteur, qui joue sur une infinité de variations tonales le conduisant aux aigus cristallins de sa voix de tête, avant une accélération brutale et pétrifiante vers des terres plus rock. Evan Kramer accompagne et renforce cette transition en passant d’un jeu subtil aux balais à une rythmique beaucoup plus sauvage exécutée aux baguettes.
Red Planet s’écoute donc comme le bel album d’un power trio rock nourri d’inspirations beaucoup plus variées qu’il n’y pourrait paraître après une écoute rapide. Pop, funk, métal parfois, nos trois Bostoniens intègrent tout ça à une trame globalement rock et signent un album qui, s’il n’est pas exempt de défauts, leur ouvre certainement les portes d’un brillant avenir.