Dix-sept titres ! Le moins que l’on puisse dire c’est que les Savoyards de Piège A Rêves, n’ont pas fait dans la demi mesure avec ce nouvel album. Un album dans lequel le groupe développe un univers assez étrange où la poésie et le Rock se rencontrent pour accoucher d’une vision assez sombre de la vie.
Le style musical est assez proche de ce que bon nombre de groupes français proposent actuellement (EOLE, MACHINATION, NH3…) avec quelques touches de NOIR DESIR, avec lequel le groupe partage beaucoup de similitude au niveau des vocaux et de certains textes. Nous naviguons donc dans un Rock aussi propre que léger, qui s’exprime via des sonorités plutôt modernes.
Il est clair que saturations et beuglements ne sont pas au menu de ce "Ouvre-Moi". Mais, au-delà de la musique qui, si elle est interprétée de belle manière, ne présente pas grand-chose d’original, ce sont surtout les textes qui marquent. Ceux-ci sont extrêmement travaillés et donnent à l’ensemble une ambiance poétique qui nous plonge dans un univers envoutant et assez touffu. Peut être trop touffu même.
En effet, ce gros travail sur les textes ne réussit pas à cacher la faiblesse et le manque d’originalité de l’ensemble. Il est excessivement difficile de rentrer dans l’univers de Piège A Rêves, qui oscille trop entre une musique facile et dénuée de relief et des textes dont on se demande si l’unique propos n’est pas d’être obscurs. Il serait bien abusif de parler de mauvais album, tant les arrangements et la production sont de très bon niveau et tant l’ensemble est bien construit. Mais l’absence de mélodies marquantes et cette volonté de vouloir à tout prix créer des ambiances troubles et mystérieuses, bien souvent maladroitement, font qu’il est difficile d’entrer dans leur univers et de prendre du plaisir à l’écoute de la surabondance de titres proposés.
Le groupe réussi cependant parfois à susciter un peu plus d’intérêt en se montrant plus humain et moins complexe. C'est le cas avec les beaux "Envoyer Valser" aux vocaux habités et à l’ambiance finale de fête foraine, ou bien le dynamique et mélodieux "L’art Et La Manière". Mais ces éclairs sont par trop rares et timides pour capter durablement l’attention de l’auditeur et atténuer ce sentiment de répétition et de déjà entendu qui survient lors de l’écoute de chaque nouveau titre.
Et c’est bien dommage, car on sent que le groupe à un énorme potentiel, et une réelle volonté de se créer un univers qui lui soit propre. Mais il semble que les chemins empruntés manquent encore un peu de spontanéité et de variété.