Après cinq ans d’absence, le groupe francilien KOB refait surface avec ce troisième album baptisé "Close To Dawn". Cette formation qui prit naissance en 1997, sur les cendres de Wotan, a bien sûr encaissé quelques aléas au niveau de la composition du line-up. En effet, le chanteur Stéphane Graziani a quitté KOB en 2007 pour laisser la place à Nicolas Blaizeau qui officiait au sein de E.X.I.T.
Ce changement de frontman a même carrément impliqué un nouveau cap dans le style pratiqué par ce combo vétéran du hard rock français (Wotan a commencé à se faire connaître au milieu des années soixante dix). Si le précédent opus s’orientait vers le speed métal servi par des vocaux assez haut perchés, "Close To Dawn" relance la machine dans un univers nettement plus proche du heavy. La tessiture rauque et éraillée de Nicolas Blaizeau sied à merveille dans ce nouvel univers où KOB se permet de faire des étincelles.
"Close To Dawn" dispose d’atouts forts en la matière, non seulement avec cette nouvelle recrue talentueuse derrière la micro, mais également au niveau la production dispensée par Fred Rochette. Ce producteur a doté KOB du gros son, idéal pour servir des compositions nourries aux riffs et autres soli balancés par une paire de gratteux qui connaissent leurs classiques sur le bout des cordes. Quant à la section rythmique, elle s’avère d’une grande efficacité dans le style nouvellement choisi par le quintette, surtout en regard des lignes de basses vrombissantes appliquées par François Mazetier.
Place maintenant au contenu de "Close To Dawn", dont il faut tout de suite signaler la puissance et le professionnalisme. Pas de doute, le groupe ne fait pas détail en proposant un florilège de tempos médiums bourrés ras la gueule d’accords costauds et de descentes de manches très convaincantes. Ce retour vers un hard / heavy rock aux relents bluesy lorgnant sans vergogne vers les années quatre vingt pourrait s’avérer comme un terrain glissant et pas franchement audacieux pour un groupe aussi expérimenté.
Mais ces musiciens le savent bien et parviennent même à honorer cette riche période qui permis de dénicher et faire connaître ceux qui allaient devenir des références. KOB a donc tranché nettement, voire même décanter ce hard rock de bûcherons en y apportant quelques touches de modernité. D’ailleurs, "Close To Dawn" n’est pas sans évoquer le projet "Hall Aflame" mené à l’époque par l’ex Metal Church Kurt Vanderhoof. Les capacités vocales de Nicolas Blaizeau tiennent facilement la comparaison avec Ron Lowd, le chanteur sévissant sur l’unique album de ce groupe trop vite oublié.
La force des riffs distillés par le duo Thierry Huylebroeck / Rodolphe Bousquet en fait un élément moteur qui s’applique bien entendu aux douze titres composants "Close To Dawn". D’autant qu’il n’hésite pas à se laisser aller vers des introductions d’arpèges acoustiques avant de balancer des volées de notes explosives. Le très convaincant "Fame And Glory" qui ouvre la lourde porte de cette nouvelle production annonce la couleur. Ce sera rouge bouillonnant. Après la petite démonstration speed mélodique qu’est "Come Into My World", histoire de juger que les musiciens savent encore enfoncer l’accélérateur, KOB s’offre même un vrai blues électrique avec "Changes", qui ne casse pas l’ambiance, mais prouve au contraire que Nicolas Blaizeau n’a pas peur de se frotter aux harmonies haut perchées. Surprenante composition entièrement acoustique émergeante d’une brume "Zeppelinesque" vers la fin de l’album, "Thank You" se fond merveille dans ce décor pourtant hautement électrique. Ce titre petit par la durée mais grand par l’intensité qui s’en dégage démontre toute l’étendue du talent de KOB.
Ce nouvel opus ne bouleverse pas l’ordre établi, mais se permet quand même de concrétiser un feeling qui n’a pas d’autres prétentions que de prendre du bon temps. KOB a su maîtrisé le virage amorcé par cette orientation plus heavy et effectivement, compte tenu de l’énorme sillon creusé par les groupes de hard rock depuis le début des années quatre vingt, cette formation énergique et sans artifices s’en sort avec les honneurs. Bref, en quelques mots comme en cent, "Close To Dawn" est un album particulièrement robuste qui ne pourra que combler les amateurs du genre.