Une nouvelle fois, un groupe en provenance d'Angleterre nous assène un coup d'humour dont seuls ses indigènes en sont capables : se proclamer "Les futurs rois d'Angleterre", et proposer à l'auditeur une musique en provenance directe des 70's (celles du 20è siècle, pas du 21è !). Voilà bien une plaisanterie dont seuls nos amis d'Outre-Manche sont capables.
Avec leur nouvelle production, qui est ainsi leur troisième, le groupe mené par Ian Fitch nous propose une plongée en apnée instrumentale dans l'époque bénie du progressif. Celle de la genèse tout d'abord, puisque les premiers accords de Go semblent tout droit tirés de la guitare de Steve Hackett. Quant au final de ce même titre, il trouverait tout naturellement sa place sur les premières productions de la bande à Gabriel : les claviers vintage au possible distillent l'ambiance de l'époque et la production mettant en avant batterie et basse renvoie tout droit l'auditeur à l'époque des bons vieux vinyles.
Mais, de manière plus surprenante, c'est surtout de l'autre côté du Rhin que se trouve l'inspiration du groupe. Après quelques mesures (partie médiane de Go, introduction de Sea Saw) qui rappelleront les premières productions d'Eloy, c'est toute la période du rock-choucroute qui est ensuite évoquée au travers de longues plages répétitives, proposant un contraste saisissant entre des claviers planants au possible et une section rythmique très en verve. Irrémédiablement, on pensera à Ashra Tempel pour les sonorités et Tangerine Dream pour la structure des titres, notamment dans les passages les plus planants.
L'album est ainsi construit autour de sa pièce principale, Time Flies Like an Arrow, véritable synthèse réussie de ces différentes influences. De même, quelques sonorités floydiennes de l'époque sont également présentes, voire quelques mesures carrément pompées sur le groupe (The Cold Hard Truth). Mais loin de confiner au plagiat, tout ceci s'intègre de façon très naturelle au reste de l'album, venant enrichir la plongée archéologique dans cette époque révolue (ou presque). Et pour rester dans le style, la dernière plage va dérouler ses 12 minutes d'alternance entre passages planants quasi-expérimentaux et thèmes majestueux, faisant rapidement regretter la courte durée de cet album.
Amateurs de nouveauté musicale, The Viewing Point ne sera pas votre tasse de thé... Point de post-rock, de post-prog ou de post-métal par ici. Simplement une plongée plutôt inattendue dans une époque musicale où l'audace était permise, au risque parfois de dérouter. Prenez le temps de découvrir cet album, et de re-découvrir une époque pas si lointaine que cela et qui aura servi de socle fondateur à notre musique de prédilection.