Cela fait maintenant 18 ans que Fair Warning occupe une place très discrète sur la scène internationale du hard rock (à tendance FM, il faut le dire). Après un split en 2000 qui conduira certains membres à former Dreamtide, le reste de la formation se réunit en 2006 pour un nouvel album, "Brother's Keeper". Trois ans après, "Aura", septième album studio des allemands, lui succède.
Je vous rassure tout de suite, rien de neuf sous le soleil. L'auditeur navigue agréablement en terrain connu, dans les traces rassurantes de Boston, Jon Bon Jovi ou encore Def Leppard. Les morceaux déroulent des harmonies agréables et, surtout, des refrains globalement très accrocheurs. Même si l'on regrette que certains morceaux manquent de personnalité, la faute à des couplets parfois bien en deçà des refrains, l'ensemble s'écoute sans heurts. Les inévitables ralentissements que sont les ballades ne parviennent pas à briser l'unité appréciable du disque.
Autre point qui attire ma bienveillance: le son. Fair Warning joue la carte du moderne, mais avec intelligence. Au lieu de gonfler tout à bloc, le groupe se concentre sur chaque instrument pour en tirer le meilleur. La basse se démarque par exemple bien du tout, ajoutant un dimension mélodique et rythmique intéressante que peu de groupes exploitent aussi bien dans le style. Cette clarté du son rend donc l'écoute confortable, mais c'est lors des soli que le son chirurgical se révèle le plus pertinent. En effet, précis et chaud, il convient parfaitement aux démonstrations fluides et véloces d'Helge Engelke qui réalise sur tout l'album un véritable exploit en rendant une très grande partie de ses soli passionnante, sans jamais frôler le hors-sujet. Impossible de ne pas penser à Van Halen (oui, oui) sur certaines de ses interventions.
Pour finir sur une note plus modérée, précisons que le chant, juste et puissant, est pourtant marqué au fer rouge d'un timbre très américain (le groupe est germanique, mais le chanteur est américain) qui vulgarise un peu la musique de Fair Warning. Ce problème ne serait pas bien méchant si la tonalité n'était pas déjà très classique pour le style. L'accroche se fait alors difficilement et plutôt via la guitare lead que via le chant, dont on appréciera tout de même les lignes puissantes.
Vous l'aurez compris, ce Fair Warning est réservé à un auditoire d'amateurs qui ont déjà plus ou moins fait le tour des plus grands. Le jeu de guitare particulier d'Helge Engelke, inscrit dans des compos malgré tout sympathiques, saura séduire ce public averti. Pour les autres, il est clair que ce genre de production ne pourra pas être prioritaire face aux grands noms du genre.