Cela fait maintenant un certain temps que Bruce Dickinson a quitté Iron Maiden afin de se concentrer sur sa carrière solo. Après trois albums et des changements de line-up constants, l'homme retrouve pour ce quatrième opus l'équipe de Roy Z, Tribes of Gypsy, qui avait déjà travaillé sur "Balls to Picasso". Au cours de la préparation de l'album, ce n'est rien de moins qu'Adrian Smith qui viendra étoffer le groupe. C'est donc un line-up rodé qui s'attaque à cet "Accident of Birth".
Pour la petite histoire, Bruce Dickinson aurait appris de sa mère peu avant l'album qu'il est le fruit d'un avortement raté. Si l'ensemble de la communauté metal ne peut que se réjouir d'une telle erreur médicale, le choc fut rude pour Bruce qui nomma son album en conséquence et lui donna une tonalité très sombre qui frappe la plupart des morceaux, paradoxalement très colorés et variés malgré un durcissement de ton évident.
L'apport d'Adrian Smith n'y est pas pour rien. En effet, les trois précédents opus ne voyaient qu'un seul guitariste officier et le ton était plus léger. Ici, Bruce Dickinson retrouve un environnement plus Metal pour la première fois depuis pas mal d'années. 'Freak' annonce directement la couleur avec un riff lancinant et râpeux, et la tendance sera confirmée au fil de l'album ('Starchildren', 'Darkside of Aquarius', 'Accident of Birth', 'The Magician'...). Les soli déboulent à toute allure et les riffs sont moins typés rock/hard rock que sur "Tattoed Millionnaire" ou "Balls to Picasso", ce qui ne les empêchent pas d'être efficaces. À noter que 'Road to Hell' recycle très efficacement un riff sous-employé par Helloween sur leur 'I Want Out'.
Mais Bruce Dickinson sait aussi aérer son album à l'aide de morceaux plus soft et surtout plus subtils, apportant ainsi la dualité que représente si bien la pochette entre un penchant coloré et mélodique et un penchant sombre et dépressif. Le léger 'Taking The Queen' nous charme avec son introduction acoustique avant d'exploser et de déboucher sur le sublime 'Darkside of Aquarius' qui nous parle d'apocalypse dans un fresque métallique variée et prenante du début à la fin. Le mélancolique 'Man of Sorrow' et son piano sobre amène de la mélancolie au milieu de la furie du milieu d'album. Enfin, le ton se ralenti sur 'Omega' et surtout sur le très beau 'Arc of Space' qui termine l'album sur une note plus chaleureuse.
Vocalement, Bruce Dickinson est très en forme et cet album prouve qu'il tente de se renouveler et de progresser. En effet, le chant plus maitrisé à la tessiture plus chaude que l'on connait sur les derniers Iron Maiden est ici au point, prouvant l'assiduité d'un travailleur appliqué et bien loin des clichés de la rock star débile.
Au final, pas grand chose à reprocher à ce "Accident Of Birth" qui parvient parfaitement à nous transmettre une palette d'émotions très variées. Seules quelques longueurs noircissent un peu le tableau avec des morceaux plutôt dispensables ('Starchildren', 'Welcome to The Pit'...). A contrario, les autres titres deviendront pour la plupart des hits rendant cet album tout simplement incontournable.