Si "Out For Blood" et "Dancin' On The Edge" ont rencontré un certain succès, ce n'est rien en comparaison du troisième enfant accouché par Lita Ford, le sobrement nommé "Lita" dont beaucoup estiment, à juste raison d'ailleurs, qu'il est l'Album qu'il faudrait conserver si on ne devait n'en retenir qu'un seul dans la discographie de la chanteuse. Pourquoi celui-là et pas un autre ?
Pour plusieurs raisons en fait. Après quatre années d'absence, la jeune femme à l'allure sexy (elle en a joué aussi) soigne alors son retour. Désormais soutenue par le producteur Mike Chapman (Blondie...), elle met les petits plats dans les grands : la prise de son est meilleure, les chansons sont mieux écrites et les lignes vocales sont placées avec davantage de réussite et d'efficacité. Mais surtout, trois des neuf titres composant ce disque ont été coécrits par des pointures du hard rock : Lemmy de Motorhead (est-il utile de le préciser ?) pour le rugueux "Can't Catch Me" et ses sonorités d'orgues liturgiques, Nikki Sixx (de Mötley Crüe et accessoirement l'un des maris de la belle) pour "Falling In And Out Of Love", assis sur un tempo plutôt lourd et bien entendu Ozzy Osbourne qui vient en outre poser sa voie de canard enrhumé sur la fameuse ballade "Close My Eyes Forever" laquelle est pour beaucoup dans le triomphe que Lita va alors connaître.
Pour la guitariste, cet opus incarne presque un nouveau départ tant sur un plan commercial qu'artistique, ce que son titre suggère d'ailleurs ; elle entre alors véritablement dans la cour des grands. Il faut dire que le menu, outre les trois morceaux cités, est émaillé de bien d'autres perles. Citons l'inaugural "Back To The Cave", et son déhanché chaloupé, "Blueberry", assez lourd et hypnotique, "Kiss Me Deadly", malgré un son de claviers qui n'a pas échappé aux affres du temps, "Fatal Passion" dans lequel Lita se fend de soli brûlants selon son coeur ou encore le très FM "Broken Dreams".
Bref, rien à jeter en définitive et un album plus lisse, plus FM aussi que "Out For Blood" mais aussi plus convaincant sans être pour autant un chef-d'oeuvre du genre. Dans une veine similaire, son successeur, "Stiletto" ne parviendra pas tout à fait à transformer l'essai...