Deux années après la sortie du coléreux « Genetic Disorder », et avec la régularité d’un métronome, les Grenoblois de NIGHTMARE nous reviennent avec leur nouvelle offrande au doux nom d’« Insurrection ».Quelques changements sont survenus : une signature au sein d’un nouveau label, AFM, et surtout le remplacement du guitariste Alex Hilbert, parti rejoindre le groupe LONEWOLF, par JC Jess (Jean Christophe Lefevre). Ce dernier avait déjà dépanné le groupe en 2008 lors des concerts donnés au Hellfest, au Casa Gateways Festival ainsi qu’au Metal Camp.
Au niveau du style, les changements sont bien plus modestes. Cette Insurrection ne débouche pas sur une révolution. Tout au plus une évolution, tant le groupe poursuit dans la direction empruntée depuis sa reformation et surtout depuis « The Dominion Gate », à savoir un Heavy Metal puissant et rapide qui se teinte parfois de sonorités Dark ou Thrash. Si évolution il y a, elle est plus à mettre au compte de la production et du mixage qu’à celui des compositions. Les ambiances modernes présentes depuis « The Dominion Gate » ont considérablement été laissées de côté. Il en va de même du traitement un peu étrange fait à la voix de Joe Amore, qui semblait légèrement lissée et en retrait sur « Genetic Disorder ». Mais le son reste toujours énorme, avec une production assurée en partie par Patrick Liotard, qui a d’ailleurs utilisé son studio personnel, le Studio Peek, pour l’enregistrement du chant et de la basse. Pour mémoire, Patrick Liotard, alias Pat Hinorson et Patrick Peek, fut le chanteur de PRESENCE (un autre groupe originaire de Grenoble qui sortit un excellent album en 1986) et participa dans le passé à plusieurs concerts de NIGHTMARE, notamment en 2000.
Pour le reste la formule reste globalement la même, et cela fonctionne toujours aussi bien. Le rythme est toujours hyper soutenu, et, à l’exception de « Target For Revenge » (durant laquelle on a le sentiment d’entendre chanter J. Lande), les morceaux au tempo plus calme qui aéraient l’album « The Dominion Gate » ont quasiment disparu. Ainsi, « The Gospel Of Judas », « Mirrors Of Damnation » (mazette, quelle intro, on se croirait revenu dans le « Painkiller » de JUDAS !), ou « Angels Of Glass » ne font-ils pas dans la dentelle et montrent un groupe capable d’accélérer le tempo sans jamais faillir au niveau technique.
Le terme « Heavy Metal », au sens traditionnel, devient d’ailleurs beaucoup trop réducteur pour rendre compte du style pratiqué par NIGHTMARE, qui introduit dans son univers des styles aussi variés que le Power Metal, le Thrash ou le Death (si, si !). Abstraction faite du chant, les sphères musicales d’ARCH ENEMY ou de PRIMAL FEAR ne sont pas bien éloignées. Le chant, tout en puissance mais également en mélodie, accentuant en cela le contraste avec la musique, est toujours de toute beauté et contribue grandement à évacuer de chacun des différents morceaux tout sentiment de répétition ou de lassitude. Pour l’anecdote, Fabrice Emmanuelsson, chanteur d’ELLIPSIS, est crédité dans les invités, au même titre que Patrick Liotard.
Si l’ensemble du disque est abonné à la qualité, ressortent tout de même le très énervé « Insurrection », ou le très épique « Three Miles Island ». Ce dernier titre est un véritable morceau à tiroirs qui tout au long de ses 9 minutes déroule les ambiances et les rythmes, comme pour la parade. Par ailleurs, inutile de chercher la suite de « Cosa Nostra (Part I - The Light) » sur ce disque, celle-ci étant réservée au marché japonais ainsi qu’à une édition « deluxe ». Cette « Part II » serait en fait le même morceau mais interprété avec un chant différent.
Avec « Insurrection », NIGHTMARE confirme donc son statut de groupe à vocation internationale et son positionnement sur la scène d'un Heavy Metal très puissant. Le niveau, tant des compositions que de l’interprétation, est tel que toute trace « d’amateurisme » qui faisait un peu partie du charme des groupes français a totalement disparu. La seule crainte réside maintenant dans la capacité du groupe à nous surprendre (ce qu’il a déjà fait à maintes reprises par le passé). En effet, il parait difficile de l'imaginer pouvoir encore progresser tant au niveau technique qu’en terme de professionnalisme. L’avenir devra donc passer par la définition d’une direction artistique suffisamment audacieuse pour maintenir l’intérêt d’un public qui à ce jour ne peut qu’être conquis.