Il n'est pas dans mes habitudes de commencer une chronique par sa conclusion, mais une fois n'est pas coutume, je vais déroger à cette règle plus ou moins établie en affirmant que The Hour Is Upon Us, premier album de Hour Of The Shipwreck, groupe basé à Los Angeles, ne laissera personne indifférent, et provoquera selon sa perception adoration ou profond rejet … tout comme cette chronique d'ailleurs.
Avant d'en arriver là, il faudra tout d'abord se laisser embarquer dans un voyage musical plutôt inédit, à la découverte de l'univers onirique d'un groupe dont l'inspiration se situe dans un imaginaire influencé par l'héroic-fantasy et la filmographie associée (les notes du livret citent notamment Tolkien …).
Décrire la musique d'Hour Of The Shipwreck en quelques mots relève de la gageure: le qualificatif de rock post-progressif pourrait cependant résumer la démarche du groupe, tant les différentes plages présentent de multiples facettes, dans lesquelles nous retrouverons des références - certes minimes mais néanmoins présentes - aux groupes qui ont posé jadis les bases du rock progressif (la guitare acoustique rappelle régulièrement celle de Steve Hackett lors des grandes heures génésiennes).
Les arrangements sont ciselés avec précision, et contrairement à d'autres, les harmonies ne se contentent pas d'accords à la quinte ou à l'octave, mais viennent chatouiller avec précision les tympans à coups répétés de 7ème ou de "frottements" de seconde. Pas toujours facile à digérer par des oreilles néophytes, mais sûrement jouissif pour les aficionados du genre.
Et puis, impossible de passer sous silence le côté "post-rock" qui colle à toutes les plages de l'album: des parties plus ou moins intimistes soutenues par des instruments acoustiques (guitare, violoncelle …) qui sourdent pendant quelques temps, et qui ensuite explosent dans un déluge qui pourrait être qualifié de symphonique si les guitares noisy ne venaient alourdir l'atmosphère, déchirant l'ambiance tels des éclairs dans une nuit d'été.
A la lecture de ce descriptif, tout semble donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes: une musique originale, qui fusionne le côté ancien du rock progressif avec une musique plus moderne, apte à captiver les oreilles exigeantes des lecteurs réguliers de MusicWaves. Certes, mais, et c'est ici que les routes des auditeurs risquent de se séparer, nous n'avons pas encore parlé des choses qui (me) fâchent.
En premier lieu, malgré sa courte durée (45 minutes), cet album présente quand même quelques coups de mou, avec des passages lénifiants au possible. C'est tout d'abord la première moitié de My Fantasy qui propose une mélodie sans queue ni tête, dont l'ennui est renforcé par l'arrangement minimaliste qui l'accompagne. Et le contraste avec le final est plutôt saisissant. Et dans le même ordre d'idée, Mount Davidson étire ses 8 minutes en longueur, inspirant plus d'ennui que de rêverie.
Mais surtout, et je préviens le lecteur que cet avis n'engage que moi, habitué que je suis à défendre habituellement certains chanteurs controversés, l'écoute de The Hour Is Upon Us et l'impression qui en ressortira, dépendra en grande partie de la perception que l'on aura de la voix de Richie Kohan. Une voix de fausset, évoluant dans les aigus, mais surtout fortement teintée d'un voile permanent (naturel ? Effet de la production ?), comme si l'on avait croisé Jon Anderson (Yes) avec Elizabeth Fraser (Cocteau Twins). Et notre homme use et abuse de son organe, passant sans transition de grandes envolées de vocalises à des mélodies susurrées.
Autant vous l'avouer, et vous l'aurez compris avec les réserves qui jalonnent cette chronique, le résultat m'est insupportable et annihile totalement le plaisir que certaines parties instrumentales pourraient déclencher à l'écoute de l'album.
Au moment de conclure, et puisque la musique introduit forcément à un moment donné une notion importante de plaisir, je tiens à mettre en garde les personnes qui seraient choquées de la note attribuée à The Hour Is Upon Us, en leur recommandant d'écouter cette galette pour se faire leur propre avis …