Chez Lynyrd Skynyrd, on a l'habitude des drames depuis le triste accident qui a décimé le groupe en 1977. Et pourtant, la légende sudiste a toujours fini par repartir. Lorsque Leon Wilkinson décède au début des séances d'enregistrement de leur nouvel album, les membres du groupe réussissent une nouvelle fois à surmonter leur douleur et reprennent les sessions avec une nouvelle section rythmique composée d'Ean Evans à la basse, et du célèbre Michael Cartellone (Damn Yankees, Accept) à la batterie.
Si les premiers accords de guitares sur son de vieux vinyl de 'That's How I Like It' proposent un retour dans le temps, c'est pour mieux sentir les racines du combo sudiste. A travers ses 14 titres (nous passerons volontairement sous silence la reprise sans intérêt du classique 'Gimme Back My Bullets' proposée en bonus et enlaidie par les cris inutiles de Kid Rock), "Vicious Cycle" s'impose comme un condensé de la fierté du grand Sud américain. Si la mélancolie est le sentiment dominant, Lynyrd Skynyrd la conjugue de façons variées et toujours réussies, alternant les titres puissants et les morceaux plus délicats, sans jamais tomber dans le mielleux. Et c'est une furieuse envie de relancer l'album qui nous habite à la fin de la ballade semi-acoustique 'Lucky Man' qui conclut ce merveilleux voyage rempli d'émotions.
Lynyrd Skynyrd nous propose ainsi un album à la fois équilibré, dynamique et cohérent dans son déroulement. Les titres catchy ('Jake') alternent avec les power ballades ('Crawl') et les rock'n'roll festifs renforcés par une section de cuivres ('Sweet Mama') sans jamais proposer de redites. Les sommets sont sûrement atteints sur l'enchaînement 'The Way' / 'Red, White And Blue'. Le premier, titre épique à la structure à tiroir vous prendra à la gorge pour que le second vous tire mieux quelques larmes, prouvant au passage l'importance des lignes de claviers de Billy Powell dans le son de Lynyrd Skynyrd. Le combo est fier d'être du Sud et Américain ('That's How I Like It') et il nous transmet cet orgueil, tout comme il nous entraîne dans la danse avec ses titres les plus enjoués ('Pick'Em Up', 'Rockin' Little Town'). Il sait également varier les plaisirs, flirtant avec les riffs d'un Mötley Crüe à l'occasion d'un 'All Funked Up' puissant et catchy, transpirant sur un 'Mad Hatter' lourd et lent comme un ciel gris sombre que viendrait déchirer un solo de guitare tranchant comme un rayon de soleil, ou bien démontrant son art de la montée en puissance maîtrisée sur un 'Life's Lessons' tout en émotion.
Il est donc temps de rendre l'hommage qu'ils méritent aux membres actuels de Lynyrd Skynyrd. Et si vous faites partie des bataillons de conservateurs qui pensent que ce groupe ne mérite plus que l'on s'y intéresse depuis le décès de ses principaux membres en 1977, nous vous conseillons de poser une oreille sur ce "Vicious Cycle". Il y a de forte chance pour que vous preniez une bonne claque salvatrice qui ébranlera vos certitudes et vous fera revenir vers un groupe aussi talentueux que fier et intègre.